16 février 2024
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Dimitri Albanèse, « Donner corps à la fête : l’ethos ivre du baron de Blot (1605-1655) », Littératures, ID : 10.4000/litteratures.3159
La figure de l’yvrongnet participe d’un jugement rapide du Père Garasse englobant tous les libertins impies ensemble. Les thématiques du bien boire et du banquet chez les libertins trouvent un écho certain dans cette caractérisation, tout en jouant, au nom d’une certaine ivresse, d’une permissivité des corps et de la langue. Dans l’édition revue et augmentée du Dictionnaire d’A. Furetière, l’ivresse poétique tient de « l’inspiration d’Apollon, l’enthousiasme, la fureur poétique » et n’est plus tant une pratique de taverne qu’une mythification du travail poétique : l’inspiration bachique d’un libertin comme le baron de Blot nous invite à voir ensemble la posture du chansonnier avec l’objet qu’il célèbre, corps « buvant et foutant » qui se superpose à la contenance du poète, corps furieux d’un poète ivrogne, capable de faire le tri parmi les convives, chassant ceux qui ne sont pas susceptibles d’endosser l’ivresse et célébrant les autres à l’image d’ivrognes mythiques. Là encore, le chansonnier se montre double : vulgaire dans sa violence, virtuose par son savoir.