La production temporaire d’espaces collectifs dans la province de Barcelone

Résumé Fr En

Cette contribution porte sur la production temporaire d’espaces collectifs organisée par différentes municipalités de la province de Barcelone, et leur dimension politique, à travers les discours urbains et territoriaux qui les accompagnent. L’usage temporaire des espaces en friche est d’abord apparu en période d’austérité budgétaire, au moment où les impacts de la crise immobilière se manifestaient dans les paysages urbains. Ces friches urbaines sont souvent perçues uniquement comme des coûts et des problèmes pour l’administration locale. Dès lors, les municipalités encouragent des usages collectifs d’intérêt public, pour une durée limitée. Ces politiques reposent souvent sur une démarche de concours, permettant le contrôle des acteurs et usages, et privilégiant certains types d’occupation (les jardins partagés par exemple). D’un côté, celles-ci peuvent apparaître comme un désengagement de l’administration, à travers une flexibilisation des règles urbanistiques municipales, et un aménagement à court terme – précaire - qui ne propose pas de politiques pérennes face à l’enjeu de création d’espaces publics ou d’usage collectif. Mais d’un autre, un certain nombre de ces espaces vacants sont déjà appropriés et utilisés : les mécanismes de sélection des usages mettent en évidence les pratiques urbaines considérées comme légitimes, acceptables et désirables dans ces espaces collectifs, et apparaissent donc comme un contrôle exercé sur leur appropriation. La dimension publique des espaces ainsi produits peut alors être interrogée : d’usage collectif au service d’un intérêt commun entrent-ils dans des logiques de clubbisation tacite ou peuvent-ils apparaître comme des espaces publics produits selon de nouvelles logiques s’appuyant sur de nouveaux modes de gestion et de relations entre administration et citoyens ? À partir de plusieurs cas récents dans la province de Barcelone, nous questionnerons les procédures mises en place, ainsi que le type d’espaces issu de ces expériences. Finalement, nous chercherons à différencier ces expériences en fonction du rythme, de l’accueil et de leur destination, qu’il soit public, collectif ou privé.

This contribution examines the temporary production of collective space launched by various municipalities of the province of Barcelona and their political dimension, on the basis of the discourse that is associated with them. These vacant lots are considered to be the source of problems. Thus, the local authority will encourage collective uses in the public interest, for a limited period, by means of a competitive approach allowing control of the actors and uses. The public dimension of the spaces thus produced can be questioned: from collective use serving the common interest, do they fall within a tacit process of clubbing, or do they emerge as public spaces supported by new modes of management and relationships between the authorities and the public?On the basis of several recent cases, we examine the procedures, and the type of spaces resulting from these experiments. Finally, we seek to differentiate them according to the rate of progress of the management process, their access and their purpose, whether public, collective or private.