“Show! Hide! Show!”: High Modernism and the Lure of the Obscene

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16 octobre 2020

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Olivier Hercend, « “Show! Hide! Show!”: High Modernism and the Lure of the Obscene », Miranda, ID : 10.4000/miranda.27796


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Dans le canon de la littérature moderniste d’après-guerre, l’obscène est le plus souvent étudié à travers la question de la liberté artistique face à la censure, de l’intérêt d’exprimer ce qui choque ou scandalise au sein d’une œuvre littéraire. Quoique pertinente en contexte, cette perspective élude une tension bien plus globale, inhérente à l’esthétique moderniste. En effet, si des œuvres aussi centrales que The Waste Land ou Ulysses sont hantées par des images à caractère sexuel, scatologique, pervers ou violent, leur rapport à l’obscène se joue souvent autant dans ce qu’elles cachent que dans ce qu’elles expriment. De fait, outre sa valeur légale, telle qu’elle était définie notamment par l’Obscene Publications Act de 1857, le mot « ob-scène » renvoie également à la notion d’une limite entre ce que l’on peut montrer et ce qui doit rester hors de vue, limite que l’art moderniste ne cesse de remettre en question. Des auteurs comme Eliot, Joyce, mais également Virginia Woolf, jouent avec les cadres narratifs et poétiques, et avec l’ambiguïté du langage, pour faire signe vers ce qui élude les frontières sociales et culturelles du représentable. Leurs textes sont pleins de remarques voilées, de sous-entendus : des craquements derrière des portes closes (Woolf 1923, 124), des cris masqués par un chant d’oiseau (Eliot 1969, 58), des gémissements et des débordements recouverts par l’explosion symbolique d’un feu d’artifice (Joyce 1922, 478). En outre, tous ces événements laissent des traces, à partir desquelles il est possible de reconstituer d’autres scènes et d’avoir accès à d’autres facettes de l’œuvre. Ainsi, l’on peut dire que l’obscène prend la forme d’un appel. Le lecteur est interpellé, à travers des indices et des énigmes, mené par sa curiosité ou ses instincts voyeurs à explorer ce que cachent les silences du texte. Il doit alors se confronter à ce qu’il découvre de non-dit – sur la souffrance psychique, l’alcoolisme, le viol et les agressions sexuelles ou encore sur les horreurs de la guerre – mais aussi questionner son propre aveuglement, face à ces formes de contre-histoires du monde dans lequel il vit. Sans nous y forcer, l’esthétique moderniste de l’obscène nous propose ainsi d’échapper aux cadres artistiques traditionnels, pour ouvrir notre regard à ce que l’on veut nous cacher, mais aussi, en dernière instance, à tout ce que nous-mêmes avions accepté de ne pas voir.

Within the canon of postwar “high” modernism, the question of the obscene is often framed in terms of the artistic freedom to talk about sexuality and the body, and the status of indecency within literary works. However, this narrow focus only deals with the more visible facet of a broader tension, which pervades modernist aesthetics. Indeed, though such central works as The Waste Land or Ulysses are haunted by references to sexuality, scatology, perversity and violence, their relation to the obscene plays just as much on what is left hidden as on what is shown. Indeed, the word “ob-scene” may also refer to the boundary between the “scene” and its margins, between what is presented and what remains out of sight, and blurring such boundaries constitutes a fundamental modernist strategy. Artists such as Joyce and Eliot, but also the supposedly primmer Virginia Woolf, play with narrative or poetic framing, as well as the ambivalence of language, to signal towards what escapes the social and cultural boundaries of representation. Their works teem with veils and innuendos: cracks echoing behind closed doors (Woolf 1923, 124), cries disguised as the chirping of a bird (Eliot 1969, 58), or gasps and releases covered by the symbolic explosion of fireworks (Joyce 1922, 478), leaving traces from which another scene, another facet of the text, can be reconstituted. The obscene then becomes a form of appeal: through hints and enigmas, readers are called upon, led by curiosity or voyeuristic impulses to delve into sometimes fearful depths, where they can be confronted with mental suffering, alcoholism, rape and sexual aggression or the horrors of war, and made to reflect on their own blindness to these untold counter-narratives, hidden in plain sight. Without forcing these things upon us, the modernist aesthetics of the obscene break away from traditional framing, opening up the perspective towards what people want to hide, but also, crucially, to what we might have decided not to see.

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