31 octobre 2022
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Fabien Meynier, « De The Searchers (1956) à Gideon’s Day (1958) : un cas emblématique d’autoparodie chez John Ford », Miranda, ID : 10.4000/miranda.51303
Au sein de l’œuvre prolifique de John Ford, où les processus d’auto-référencement sont légion, cet article se concentre sur un exemple d’autocitation peu étudié dont la dimension parodique apparaît centrale : celui de l’entame de Gideon’s Day (Inspecteur de service, 1958), qui rejoue de manière détournée l’ouverture de The Searchers (La Prisonnière du désert, 1956). Réalisé quelques mois après le mythique western, Gideon’s Day s’en distingue en tout point : commande de la Columbia, le film est tourné rapidement au Royaume-Uni par Ford qui affirme avoir accepté le projet uniquement pour travailler avec l’acteur Jack Hawkins et pour le salaire très conséquent qui lui était proposé. Le genre policier n’est d’ailleurs pas un terrain qui intéresse le réalisateur, et le film connaîtra une réception critique mitigée et peu enthousiaste. Pourtant, nous verrons que la parodie de The Searchers que l’on peut percevoir dans ce début de film construit d’une part un commentaire de l’œuvre antérieure, et d’autre part un discours sur l’évolution de la cellule familiale au sein de la société contemporaine. Qu’il s’agisse de la reprise de gestes (l’ouverture d’une porte), de situations (déjeuner en famille) ou de compositions (personnages étagés dans la profondeur), la dimension parodique apparaît à travers un affaiblissement du registre épique vers un registre comique, et un recentrement des enjeux historiques de l’ouverture du western de 1956 autour d’enjeux domestiques au premier abord anecdotiques.