5 juillet 2017
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Maria Ferretti, « La mémoire impossible », Cahiers du monde russe, ID : 10.4000/monderusse.10078
Cet article reconstitue la manière dont les révolutions de 1917 ont été représentées en Russie depuis la perestroïka jusqu’à aujourd’hui. On y analyse, à l’aide d’une pluralité des sources, les différentes figures mémorielles qui se sont succédé, en mettant en lumière les enjeux multiples, à la fois politiques, idéologiques et identitaires, qu’elles mobilisaient. En particulier, le débat sur les interprétations de 1917, impliquant différentes manières d’envisager l’avenir du pays, a joué un rôle crucial dans la formation de la culture politique des nouvelles forces politiques en gestation, des libéraux et des nationalistes en premier lieu. Si, pour les premiers, la Russie avait été détournée en 1917 du cours « naturel » de l’histoire emprunté par l’Occident, et qu’il s’agissait donc d’y revenir pour mettre le pays sur le chemin de la prospérité et de la démocratie libérale, pour les autres, 1917 avait été une catastrophe provoquée, d’une façon ou d’une autre, par l’Occident lui‑même, afin de détruire la grandeur de la Grande Russie, qui devait donc reprendre son « chemin particulier », nouvelle hypostase de l’ancien mythe de Moscou troisième Rome. Le but de ce travail est donc de mettre au jour, en les inscrivant dans une perspective plus vaste, les raisons qui expliquent pourquoi, les révolutions de 1917, tout en étant fortement enracinées dans la mémoire de la société russe, ne peuvent pas s’inscrire dans la Russie de Putin, qui se veut de plus en plus comme l’héritière de la Russie impériale tout en ayant intégré la mémoire de l’époque soviétique, récupérée sous le signe du nationalisme. Tout cela fait des révolutions de 1917 une mémoire impossible.