22 mars 2021
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1252-6576
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1777-5388
All rights reserved , info:eu-repo/semantics/embargoedAccess
Irina Tcherneva, « Créer « les documents qui accusent » », Cahiers du monde russe, ID : 10.4000/monderusse.12039
Afin d’étudier les dynamiques sociales qui sous-tendent les procédures judiciaires contre les criminels de la Seconde Guerre mondiale en Union soviétique, l’article examine trois films documentaires lettons dédiés aux crimes nazis et aux procès tenus dans les années 1960. En restituant la commande, la fabrication, la distribution et la réception de ces films, l’auteure jette un éclairage inédit sur le tissage des rapports entre mondes cinématographique, judiciaire et policier. Reflets des usages professionnels de l’image par les autorités, ces œuvres ont pour originalité de nous renseigner sur le rôle conféré au visuel dans l’investigation elle-même. Adressés à des publics dont les attentes préoccupent aussi bien les cinéastes que les autres acteurs impliqués dans la médiatisation des procès, ces documentaires permettent en outre de cerner les évolutions survenues au long de la décennie et de récuser la vision d’un filmage univoque et présumément propagandiste des procédures judiciaires. Progressivement, un engagement affectif du cinéaste y est délaissé au profit d’une mise en avant de marqueurs de neutralité et des témoignages oraux. C’est en se penchant sur les pratiques des cinéastes, sur leurs équipements et sur les façons de mettre le réel en image que l’article explore les résonances sociales des procès.