Nina Berberova et la mythologie culturelle de l’émigration russe en France.

Fiche du document

Auteur
Date

19 décembre 2016

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1252-6576

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1777-5388

Organisation

OpenEdition

Licences

All rights reserved , info:eu-repo/semantics/openAccess

Résumé Fr En

Dans leurs efforts pour comprendre et décrire l’expérience de l’expatriation, les écrivains russes émigrés produisirent un certain nombre de modèles idéaux de leur activité littéraire en exil. L’effort de conceptualisation de l’exil à travers des modèles idéaux impliquait le recours à plusieurs mythes grâce auxquels pouvait s’opérer la traduction de l’expérience personnelle en « texte ». Nous nous proposons d’examiner quelques arguments développés dans l’ouvrage autobiographique de Nina Berberova (1901-1993) C’est moi qui souligne afin d’établir leur fonction dans la conceptualisation de l’expérience d’écrivains exilés. Il s’agira de l’insistance sur l’isolement par rapport à la vie culturelle française, de l’accent mis sur l’échec artistique de la jeune génération émigrée et, enfin, de l’importance accordée au martyre physique et moral pour cette génération d’écrivains. Nous voyons la clef de la mythologie culturelle de l’émigration russe dans le désir des mémorialistes émigrés de reconstruire leur vie selon un modèle idéal largement influencé par le modèle traditionnel de l’écrivain russe comme maître à penser dont l’abnégation héroïque et le refus des compromissions évoquent ceux des prophètes incompris et persécutés. Le piquant de la situation réside en ce que l’utilisation du mythologème traditionnel russe du poète-prophète par les émigrés s’inspirait des exemples français. La mythologie de Berberova et de ses contemporains s’est construite à partir de la coïncidence entre le modèle traditionnel de l’écrivain russe et celui de l’écrivain français formé dans l’immédiat après-guerre. Mais si, dans l’entre-deux-guerres, les modernistes russes exilés ne dissimulèrent pas leurs liens vitaux avec la vie littéraire française, leurs mémoires passent complètement sous silence ces relations entre Français et Russes.

Nina Berberova and the cultural mythology of Russian emigration in France.In an attempt to give meaning to exile, Russian émigré writers relied on a number of ideal models to describe their literary activity in a foreign setting. This process of conceptualization by means of ideal models required the creation of cultural myths that validated the translation of individual experience into “text.” The present article examines several theses developed by Nina Nikolaevna Berberova (1901-1993) in her book of memoirs, The italics are mine, in order to clarify their function in the conceptualization of exilic experience by Russian writers. I analyze the insistence on isolation from French cultural life, the emphasis on the artistic failure of the younger generation of exiles, and the importance of physical and moral suffering in the story of this generation. I propose to seek the key to émigré cultural mythology in the striving of memoirists to reconstruct their life in exile according to an ideal model heavily influenced by the traditional model of the Russian writer as a spiritual guide whose heroic asceticism and intransigence recall the paradigmatic figure of a misunderstood and persecuted prophet. The originality of the situation derives from the fact that the émigré use of the traditional Russian mythologeme relies on French examples. The cultural myths of Berberova and her peers draw on the coincidence of the model of the Russian writer with that of the French writer as it emerged after WWI. But if, in the inter-war period, Russian modernists did not conceal their ties to French literary life, their memoirs suppress all mention of this French-Russian cultural commerce.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en