La question du « touranisme » des Russes

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19 décembre 2016

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Marlène Laruelle, « La question du « touranisme » des Russes », Cahiers du monde russe, ID : 10.4000/monderusse.8684


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L’objectif de cet article est de montrer, à travers un thème précis et mal connu du discours sur l’identité russe, les interactions existant entre les milieux intellectuels de différents pays, qui s’empruntent mutuellement de nombreuses thématiques appréhendées, selon les intérêts politiques en jeu, de manière positive ou négative. Le terme de « touranisme » constitue l’un de ces « transferts culturels » ayant existé entre la France, l’Allemagne et la Russie. Définissant la prétendue unité ethno-linguistique des peuples d’Asie du Nord, il s’est développé en partie comme argument des milieux savants allemands et français russophobes cherchant à exclure la Russie du jeu européen et donc à dénier, sur un mode à la fois culturaliste et racial, son européanité. Trois problématiques émergentalors : la classification raciale appliquée aux Russes, les arguments concernant leur supposé « touranisme », puis la délégitimation historique de l’empire des Romanov au profit de la Pologne. Cette accusation occidentale de touranisme, typique de la russophobie du xixe siècle, s’est paradoxalement vue réappropriée et retournée en un discours nationaliste par certains intellectuels russes de la mouvance slavophile tout au long du siècle et ce, jusqu’au courant eurasiste. Ainsi, ce qui apparaît trop souvent comme un débat scientifique interne à une seule communauté scientifique se révèle en fait inscrit dans un ensemble plus vaste de polémiques transnationales sur les frontières orientales de l’Europe, faisant apparaître au grand jour le caractère rhétorique de l’identité et ses mécanismes de construction « à géométrie variable ».

The question of Russian “turanism”: a contribution to the history of intellectual exchanges between Germany, France, and Russia in the nineteenth century.This article aims to show the interactions between the intellectual milieus of different countries that borrow from each other positively or negatively according to the political stakes of the time. The demonstration is based on a specific, yet poorly known aspect of the discourse on Russian identity. The term “turanism” is one of those “cultural borrowings” that took place between France, Germany, and Russia. A definition of the so-called ethno-linguistic unity of the peoples of northern Asia, it was used as an argument by Russophobic German and French scholars who sought to exclude Russia from Europe, thus denying its European-ness both culturally and racially. That raises three questions : the racial classification applied to Russians, the arguments put forward about their so-called “turanism,” and the historical delegitimation of the Romanovs’ empire in favor of Poland. Paradoxically, this Western accusation of turanism, typical of nineteenth-century Russophobia, was co-opted by certain Russian Slavophile intellectuals and turned into a nationalistic discourse throughout the nineteenth century up to the appearance of the Eurasist current. Thus, what too often appears as a scientific debate circumscribed to one specific scientific community is actually part of a larger set of transnational polemical discussions about the eastern borders of Europe. It brings to light the rhetorical nature of identity and the “swing-wing” character of its building processes.

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