16 décembre 2016
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Ирина Бусева-Давыдова, « Формирование представлений о Святой Руси и их отражение в русской иконописи », Cahiers du monde russe, ID : 10.4000/monderusse.9384
La notion de « Sainte Russie » s’est pour l’essentiel formée à la fin du xvie siècle et était présente dans la culture populaire du xviie siècle. La canonisation d’un grand nombre de saints russes, la profusion d’édifices religieux, les phénomènes d’icônes miraculeuses, la fondation, par le patriarche Nikon, du monastère de la Résurrection, dit de la Nouvelle Jérusalem, sont autant de raisons qui ont contribué à faire de la terre russe une terre sainte. Aux xviiie-xixe siècles, cette conception s’est maintenue chez les vieux-croyants et s’est reflétée dans leur iconographie (voir, par exemple, l’apparition de l’iconographie de « l’Assemblée des saints russes »). Dans la « série des ménologes », icônes figurant les saints pour chacun des jours de l’année et réalisées dans le dernier quart du xixe siècle par les peintres d’icônes renommés I.S. Čirikov et M.I. Dikarëv du village de Mstëra, les représentations des saints s’élèvent sur un fond de paysages garnis de monts, d’herbes et de « palais ». La combinaison de l’idéal (monts peints selon les canons de l’iconographie) et du réel (vues reconnaissables de villes ou de monastères) mène à la sacralisation du représenté, la sainteté se perçoit comme une qualité inaliénable du pays russe. On peut découvrir ce sentiment, à des degrés divers, chez les représentants des différentes couches de la société de la fin du xixe et du début du xxe siècle alors que la Sainte Russie est véritablement devenue le paradigme universel de la renaissance religieuse et nationale russe.