10 janvier 2017
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Hiroaki Kuromiya et al., « The Great Terror », Cahiers du monde russe, ID : 10.4000/monderusse.9736
La plupart des « espions » arrêtés pendant la Grande Terreur furent en premier lieu des « espions » polonais ou japonais, avant même les « espions » allemands. Ce n’est pas fortuit. Pendant les années 1920 et 1930 (et même pendant la Seconde Guerre mondiale quand, après Pearl Harbour, la Pologne et le Japon étaient techniquement en guerre), les services secrets polonais et japonais ont collaboré étroitement contre l’Union soviétique. Certes l’Union soviétique était au fait de cette collaboration et avait infiltré les services secrets japonais et polonais, même s’il reste difficile d’apprécier dans quelle mesure. Cependant, le travail des services polonais et japonais était suffisamment sérieux pour inquiéter Stalin. Jagoda, expert du contre-espionnage, avait mis en place des opérations du type « Trest » en Extrême-Orient jusqu’à la Grande Terreur, i.e. jusqu’à ce qu’il soit remplacé par Ežov. Ežov attaqua les opérations de Jagoda et décima les cadres de ses services secrets. C’est une partie peu connue de la Grande Terreur. Ce n’est pas qu’il y avait beaucoup d’espions (en fait ils étaient peu nombreux) ou que la Grande Terreur supprimait les véritables espions (probablement très peu si toutefois il y en avait) mais la Grande Terreur se positionnait dans le combat terrible auquel se livraient les services secrets internationaux. Les relations allemandes sont parfois mentionnées, les polono-japonaises jamais, même si elles semblent avoir été plus importantes que les premières. Ceci explique partiellement le nombre important d’exécutions d’espions polonais et japonais.