22 mars 2013
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Anke Niehof, « Fish and Female Agency in a Madurese Fishing Village in Indonesia », Moussons, ID : 10.4000/moussons.1817
Le rôle crucial des femmes dans l’économie halieutique locale et leur haut degré d’autonomie sociale constituaient deux traits remarquables de l’organisation socio-économique du village de pêcheurs de Patondu (Madura) en 1978. Un nouveau travail de terrain en 2004 montre que se sont produits au cours de ces 26 ans dans la pêcherie des changements technologiques et économiques de grande portée. De plus, avec la mise en place d’équipements publics, Patondu est désormais mieux relié au monde extérieur. En 2004, pourtant, les femmes y ont, autant sinon plus qu’avant, une place éminente. Les cas de six femmes actives dans le commerce et le traitement du poisson et le financement de la pêche sont examinés. Les pangamba’, considérées dans la littérature comme formant « un groupe phénoménal » , méritent une attention particulière : ces femmes – marchandes, entrepreneures et banquières, tout à la fois – sont les pivots de l’économie halieutique, comme « matrones » dans les relations de « matronage » qui structurent les réseaux socio-économiques. La solide position des femmes repose sur une division sexuelle du travail, écologiquement et culturellement fondée dans la société de Patondu, qui leur ouvre un vaste champ d’opportunités d’action dans les sphères économique et sociale. La vie quotidienne de Patondu s’apprécie en ichtyo-valeur et les femmes déterminent cette valeur. Elles contrôlent donc, dans une large mesure, l’économie halieutique locale. De plus, la limite fluide entre les sphères domestique et économique évite aux femmes le confinement au foyer et leur permet de jouer ce rôle de matrones dans la sphère économique. Des recherches sur les commerçantes des marchés à Java ont produit des résultats similaires. La société de Patondu n’est pas égalitaire et, même si le genre, comme facteur de stratification, recoupe d’autres facteurs et si le hiatus entre femmes aisée et pauvres s’est élargi, le contraste de genre demeure dominant et compréhensif.