24 novembre 2017
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Anne-Laure Porée, « Tuol Sleng, l’histoire inachevée d’un musée mémoire », Moussons, ID : 10.4000/moussons.3961
Lycée transformé en prison par les Khmers rouges entre 1976 et 1979, puis en musée du génocide dès 1979, Tuol Sleng est aujourd’hui un des sites phare du patrimoine cambodgien, visité par plusieurs dizaines de milliers de touristes étrangers et de Cambodgiens chaque année. Comment s’est construit ce patrimoine Tuol Sleng, dans quel contexte et à quelles fins ? La constitution de ce lieu en musée a été intimement liée à une procédure judiciaire extraordinaire (celle du tribunal révolutionnaire qui a condamné à mort par contumace deux dirigeants du Kampuchea démocratique : Pol Pot et Ieng Sary), à un besoin de légitimation du nouveau pouvoir mais aussi à une volonté de représentation, et d’identification des victimes du régime. La construction de cette mémoire s’accompagne de la construction d’un récit national dans lequel se reconnaissent de nombreux Cambodgiens malgré les limites de ce récit et les discours de propagande qui l’entourent. Emblématique des pans d’histoire oubliés, le territoire choisi pour constituer ce patrimoine est très réduit par rapport au territoire réel de l’ancienne prison S-21. La population qui a réinvesti Phnom Penh après la fuite des Khmers rouges s’est réapproprié les lieux environnants. Les traces du passé inscrites dans le paysage et les mémoires font aujourd’hui l’objet de recherches et ouvrent les perspectives du devenir muséal et donc patrimonial.