17 août 2020
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Le Saint Brett, « L’épaisseur différenciée de la limite : les usages asymétriques de l’espace frontalier isan-lao », Moussons, ID : 10.4000/moussons.6187
La littérature concernant les espaces frontaliers (borderlands) s’est considérablement développée durant les trente dernières années, notamment en anthropologie. La vision globaliste d’un monde sans frontière s’est peu à peu effacée pour laisser place à des études qui, d’une part, et notamment dans le contexte sud-est asiatique, pointaient la spécificité des marges frontalières caractérisées par des ensembles culturels transversaux et, d’autre part, une littérature qui soulignait le tournant sécuritaire contemporain dans la gestion des limites nationales et internationales. La frontière entre le nord-est thaïlandais et la Plaine de Vientiane a longtemps été étudiée sous l’angle de la première perspective, perçue comme un espace fluidifié par l’appartenance commune au groupe ethnolinguistique lao des populations des deux rives. Basé sur une recherche ethnographique de quinze mois auprès de deux villages frontaliers, cet article interroge la porosité de la frontière isan-lao par les modalités pratiques et quotidiennes de sa régulation, des usages du fleuve comme ressource et des circulations d’une rive à l’autre. Cette topographie pratique de l’espace frontalier permettra de montrer comment, malgré l’informalité du passage, celui-ci constitue un espace densément et différentiellement structuré de part et d’autre.