24 novembre 2021
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Clémence Schantz, « Biomédicalisation massive de l’accouchement au Cambodge après 150 ans de résistance », Moussons, ID : 10.4000/moussons.8023
Alors que le protectorat français a tenté sans succès de médicaliser l’accouchement au Cambodge à travers la création d’écoles de sages-femmes, l’ouverture de maternités et des incitations financières, des politiques de santé globale fortement relayées au début des années 2000 ont abouti à une biomédicalisation extrêmement rapide de l’accouchement au Cambodge, engendrant une rupture médicale et sociale sans précédent dans le pays. À partir d’une recherche doctorale menée entre 2013 et 2016 et mobilisant une méthodologie mixte (qualitative et quantitative), l’article montre qu’aujourd’hui, le recours à la biotechnologie est massif dans la capitale Phnom Penh. La pratique de l’épisiotomie est systématique, l’usage de la périnéorraphie (visant à resserrer le vagin des femmes) est fréquent, et les taux de césarienne augmentent rapidement, répondant à une demande construite socialement. Si cette biomédicalisation de l’accouchement a indéniablement participé à la diminution récente et spectaculaire du taux de mortalité maternelle au Cambodge, elle participe aussi à un façonnage des corps des femmes et à la construction d’un corps féminin venant répondre à des normes sociales et conjugales.