27 mars 2014
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/0242-7702
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2425-1941
All rights reserved , info:eu-repo/semantics/openAccess
Arnaud Blin et al., « Du cadavre à l’oubli », Les nouvelles de l'archéologie, ID : 10.4000/nda.2078
La fin du temps funéraire est difficile à appréhender. L’archéologie ne restituera jamais le processus de perte de la mémoire d’un défunt. Elle permet toutefois de s’interroger sur le devenir des restes humains au sein d’un site funéraire. Ils restent, un temps, le support de la mémoire des morts avant de n’être plus considérés que comme de simples objets. Le cas favorable des sépultures collectives néolithiques nous permet d’identifier les deux étapes de cette transformation : la désindividualisation puis la deshumanisation des ossements. Leur désindividualisation est inscrite dans le programme funéraire de ces tombes. Les os disloqués sont souvent déplacés et maintenus au sein de l’espace sépulcral, démontrant qu’ils restent rattachés à la communauté des morts. Un niveau homogène d'inhumations secondaires témoigne également de cette transformation des vestiges. Les os deviennent parfois des déchets dénués de toute substance symbolique. La vidange permet alors, sans ménagement, de purger le contenu ostéologique d’un monument pour assurer la succession des dépôts. Le complet déclassement des ossements humains apparaît aussi à travers les condamnations de quelques sites, marquées par des creusements dans les niveaux anciens d’inhumation. Les pratiques funéraires définies dans les sépultures collectives néolithiques suggèrent que la priorité des opérateurs est souvent de prolonger la durée de vie du monument, au détriment de l’intégralité des squelettes, démontrant ainsi qu’il est le support même de l’identité d’une population.