Les images rupestres du Sahara central

Résumé Fr En

Bien que connues depuis plus d’un siècle et demi, les peintures et les gravures rupestres du Sahara n’ont pas livré à ce jour toutes les informations qu’elles contiennent en tant que témoins de sociétés passées dont elles sont souvent les seuls vestiges. En effet, d’une part, l’échec de toute datation directe a conduit à l’établissement de séquences chronologiques non étayées ; d’autre part, favorisées par cette absence de cadre temporel précis, et basées sur des paradigmes et méthodologies dépassées, les interprétations culturelles de ces artefacts tant idéels que matériels se sont souvent avérées stériles. Toutefois, depuis les années 1990, et à l’initiative d’Alfred Muzzolini, un courant de pensée œuvre pour redonner un statut pleinement archéologique à ces images, en employant des méthodes répondant aux exigences scientifiques modernes, tant pour l’établissement de la documentation que pour son étude. Bien que le contexte actuel soit peu favorable aux recherches in situ, ces approches nouvelles ont conduit à des progrès notables dans la compréhension de ces images rupestres.L’apparition de l’imagerie numérique a ainsi généré un apport considérable dans la constitution des corpus sahariens, en révélant des œuvres très estompées via les logiciels de traitement d’image, puis en facilitant et fiabilisant la réalisation des relevés. Par ailleurs, les bases de données informatiques autorisent désormais l’archivage pérenne de ces documents ainsi que leur portabilité vers les outils informatiques adaptés à leur étude.Sur la base de ces inventaires plus complets, l’usage des analyses statistiques multivariées a permis de reprendre de manière vérifiable la classification stylistique des peintures et des gravures, en approfondissant le concept des « noyaux de style » proposé par Alfred Muzzolini. À partir des sériations obtenues, différents types d’informations archéologiques peuvent alors être étudiées, notamment par l’aréologie et la phylomémétique, autorisant une meilleure caractérisation des groupes auteurs.Un autre aspect novateur que nous souhaitons promouvoir, facilité par l’usage d’Internet, est le partage des données au-delà des frontières géopolitiques ou institutionnelles afin que la recherche sur ces vestiges puisse être vraiment fructueuse.

Although known for more than a century and a half, the cave paintings and engravings of the Sahara have not yet provided all the information they contain as witnesses to past societies, of which they are often the only remains. Indeed, on the one hand, the failure of any direct dating has led to the establishment of unsubstantiated chronological sequences ; on the other hand, favoured by this lack of a precise temporal framework, and based on outdated paradigms and methodologies, cultural interpretations of these artefacts, both ideal and material, have often proved to be sterile. However, since the 1990s, and at the initiative of Alfred Muzzolini, a current of thought has been working to restore the full archaeological status of these images, using methods that meet modern scientific requirements, both for establishing the documentation and studying it. Although the current context is not conducive to in situ research, these new approaches have led to significant progress in understanding these images.The emergence of digital imaging has thus generated a considerable contribution to the constitution of Saharan corpuses, by revealing very blurred pictures via image processing software, and then by facilitating the tracings and make them more reliable. In addition, computer databases now allow the permanent archiving of these documents as well as their portability to computer tools adapted to their study.On the basis of these more complete inventories, the use of multivariate statistical analyses made it possible to verifiably reproduce the stylistic classification of paintings and engravings, by deepening the concept of "style nuclei" proposed by Alfred Muzzolini. From the series so obtained, different types of archaeological information can then be studied, in particular by areology and phylomemetics, allowing a better characterization of the author groups.Another innovative aspect that we wish to promote, facilitated by the use of the Internet, is sharing data across geopolitical or institutional boundaries, so that research on these remains can be truly successful.