La nature de la logicité chez Husserl, Saussure et Granel : idéalité ou matérialité ?

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Dans ses textes consacrés à la logique, Gérard Granel a toujours combattu la théorie husserlienne de la signification (Recherches logiques) fondée sur l’idée que les unités idéales de signification constituent l’armature logique universelle du langage. Car au fur et à mesure que l’analyse saussurienne des « valeurs » linguistiques et la linguistique comparée mettaient en évidence la singularité et la relativité des structures logiques à l’intérieur des langues naturelles, l’idée de « matérialité logique » n’a cessé de s’imposer et le caractère « idéal » de la logicité est devenu de plus en plus problématique. Nous tenterons de démontrer que la thèse husserlienne de l’idéalité logique, contrairement aux apparences, n’est nullement affectée par les objections de Granel (singularité des systèmes de valeurs, difficultés de la traduction), et qu’elle est même capable de rendre compte des phénomènes linguistiques qui lui sont de prime abord totalement étrangers, i. e. les expressions idiomatiques et équivoques.

In his papers on logics Gérard Granel has always fought the Husserlian theory of meaning of Logical Researches, grounded on the idea that ideal unities of meanings are the universal logical structure of language. For, since Saussure’s analysis of linguistics “values” and comparative linguistics have pointed out the singularity of logical structures inside natural language systems, the idea of “logical materiality” has compelled recognition and aroused suspicion as to the “ideal” character of logicity. We try to demonstrate that the Husserlian thesis of logical ideality is not weakened by Granel’s arguments (singularity of systems of values, difficulties of translation), and that it can explain linguistic phenomena put forward against it (equivocal and idiomatic expressions).