Sympathie morale et tragédie sociale : Sophie de Grouchy lectrice d’Adam Smith

Fiche du document

Auteur
Date

1 juillet 2016

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Source

Noesis

Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1275-7691

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1773-0228

Organisation

OpenEdition

Licences

All rights reserved , info:eu-repo/semantics/openAccess




Citer ce document

Spiros Tegos, « Sympathie morale et tragédie sociale : Sophie de Grouchy lectrice d’Adam Smith », Noesis, ID : 10.4000/noesis.1865


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

Sophie de Grouchy, marquise de Condorcet, réinterprète la doctrine de la sympathie propre à la tradition moraliste écossaise dans le sens d’une réévaluation de ses origines physiologiques, ce qui affecte profondément ses dimensions morales et sociales. Dans le cadre d’un rousseauisme compassionnel, elle transforme Adam Smith en un républicain sentimentaliste modéré, précurseur des Idéologues. Elle s’emploie pour cela à montrer que la déférence envers le pouvoir établi, surtout la royauté, érigée par Adam Smith en servilité quasi fétichiste envers les puissants et les rois, doit être réexaminée dans le cadre d’une économie affective post-révolutionnaire. Malgré le risque d’un mimétisme affectif enflammé par une rhétorique démagogique, Sophie de Grouchy mise sur la moralisation de l’identification avec la souffrance humaine, et sur sa régulation par des lois et institutions réformées pour tenir compte d’une nature humaine profondément sympathique. L’institutionnalisation de la sympathie morale est censée porter remède aux tragédies dues à la ségrégation sociale. En revanche, Adam Smith souligne à la fois la corruption morale due à l’adulation des puissants, et l’illusion socialement utile d’un imaginaire collectif cultivé par la tragédie classique et peuplé d’idéalisations du statut social. Adam Smith explore en outre d’une façon originale une dimension quasi psychanalytique de l’idéal social du moi qui anticipe la problématisation du culte du chef, là où la marquise se contente de critiquer le meneur de foule.

Shifting the emphasis on the origins of moral sympathy towards human sensibility, Sophie de Grouchy, marquise de Condorcet, restates the moral and social dimensions of the Scottish Enlightenment doctrine of sympathy. In the context of a compassionate Rousseau-like sympathy, she turns Adam Smith into a moderate sentimental Republican, harbinger of the French Idéologues. In the same vein, she contends that the servile deference shown to status, especially royalty, should be reinterpreted in the framework of a post-French Revolution affective order. Despite the risk of a contagious sympathy demagogically instigated, Sophie de Grouchy opts for a moralized identification with human suffering through compassion, regulated by laws and institutions of the right kind that reinforce the natural sympathetic propensities of humanity. Institutionalized moral sympathy can be a remedy to tragedies due to social segregation. By contrast, Adam Smith simultaneously dissects the morally corrupting adulation of the powerful, and the socially instrumental deception of a collective imaginary relying on idealized status. Furthermore he provides an original exploration of a quasi psychoanalytic dimension of the social ideal of the self, anticipating the psychology of leadership worship that goes beyond the marquise’s confinement to a conventional critique of the manipulator of the crowd.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en