De l’acceptabilité du discours sur le faux. Deux cas : Hans Van Meegeren et Elaine Sturtevant

Résumé Fr En

L’article propose une réflexion autour de deux personnages qui, à deux moments-clés du xxe siècle, ont pratiqué un art du « faux », de façon quasi inversée sur les plans moral et artistique : Hans Van Meegeren et Elaine Sturtevant. Après un exposé de leurs pratiques comme de leurs destins, il tente de montrer comment ont fonctionné des systèmes de légitimation de formes artistiques a priori problématiques, en produisant des effets parfois logiques, parfois contradictoires ; et comment des contextes idéologiques mais surtout une phraséologie bien précise à laquelle ont participé les protagonistes eux-mêmes, ont permis l’instauration d’œuvres profondément ambiguës où des valeurs telles que l’engagement, l’intégrité, voire l’authenticité, sont restées, en dernière analyse, essentielles.

The article treats two figures, Hans Van Meegeren and Elaine Sturtevant, who, with opposite approaches, both practiced an art of the “fake” at two separate moments of the twentieth century. The article describes the practices of these two artists as their ‘destinies’ and attempts to illustrate how ideological systems can legitimize suspicious art forms, and how the issues inherent in these movements produce sometimes logical, sometimes contradictory effects. The article explores not only the ideological context of the art but especially the precise phraseology employed by the protagonists themselves, and how these choices allowed for profoundly ambiguous values in which, in the final analysis, integrity and authenticity still remained essential.