Créer de la continuité : un travail en soi

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10 novembre 2014

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Nicolas Roux, « Créer de la continuité : un travail en soi », La Nouvelle Revue du Travail, ID : 10.4000/nrt.1938


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L’agriculture et le monde du spectacle disposent historiquement d’un cadre institutionnel favorisant le recours à la discontinuité de l’emploi. Au vu du développement des formes particulières d’emploi, il apparaît judicieux d’observer comment les saisonniers agricoles et les artistes du spectacle font face à la précarité et sécurisent leur parcours professionnel. En effet, à la recherche d’autonomie de ces salariés précaires s’oppose la vulnérabilité de leur situation sociale. Ils développent alors des pratiques qui, au final, représentent « un travail en soi » : elles traversent les temps d’emploi et hors-emploi et mobilisent des compétences autant relationnelles, techniques que corporelles. Cette comparaison permet ainsi de mettre à jour la manière dont les salariés précaires peuvent gérer l’alternance des périodes d’emploi et hors-emploi et anticiper l’avenir. Elle pose également la question de l’inégalité et de la pluralité des ressources individuelles, invitant par là même à réfléchir à d’autres filets de sécurité.

Historically, institutional rules in the agricultural and entertainment industries have promoted employment discontinuity. In light of the creation of specific types of employment status, it has become pertinent to observe how workers from the agricultural and entertainment industries have attempted to secure their career paths in spite of the discontinuity in employment. The autonomy of these workers stands in contrast with their social vulnerability. Interviews reveal that the practices developed by this precarious workers represent a part of their work in and of themselves: these practices concern periods of employment and unemployment and require not only good relational skills, but also technical competence and physical investment. This comparative research thus highlights the strategies witch precarious workers develop to deal with the transition from periods of employment and non-employment. It also raises the question of inequality and plurality of individual resources, inviting readers to think about alternative safety nets.

La agricultura y el mundo del espectáculo se inscriben históricamente en un marco institucional que favorece el recurso a la discontinuidad del empleo. Teniendo en cuenta el desarrollo de las formas particulares de empleo, parece razonable observar la manera en que los trabajadores temporales agrícolas y los artistas del espectáculo hacen frente a la precariedad y aseguran su trayectoria profesional. Efectivamente, a la búsqueda de autonomía por esos trabajadores precarios se opone la vulnerabilidad de su situación social. Ello les lleva a desarrollar prácticas que, a fin de cuentas, representan un “trabajo en sí mismo”, ya que dichas prácticas son transversales a los períodos durante los cuales cuentan con empleo y aquéllos en los que se encuentran desprovistos de él y movilizan competencias tanto de relación como técnicas y corporales. La comparación permite así arrojar luz sobre la manera en que los trabajadores precarios logran administrar la alternancia de los períodos con empleo y sin empleo y anticipar el futuro. Asimismo, plantea el tema de la desigualdad y de la pluralidad de los recursos individuales, invitando con ello a reflexionar sobre otras posibles mallas de seguridad.

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