« Tout le monde peut pas se permettre d’être une hippie comme moi »

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1 novembre 2018

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Anouck Manez, « « Tout le monde peut pas se permettre d’être une hippie comme moi » », La Nouvelle Revue du Travail, ID : 10.4000/nrt.4077


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L’article se concentre sur une catégorie de chômeurs fortement stigmatisée et parfois nommée « chômeurs volontaires ». Les personnes rencontrées se déclarant ouvertement « en non-recherche active d’emploi » avaient pour points communs une situation de disponibilité biographique, des engagements ou des valeurs orientés vers les mouvements d’extrême gauche, et des discours partagés sur leurs expériences négatives du salariat. Elles se différenciaient pourtant fortement par leur appartenance de classe et leur prise de distance effective par rapport à l’emploi salarié. Ainsi, les plus diplômés disposant d’un capital économique pouvant « se permettre » de se maintenir dans un mode de vie très précaire et de formuler un discours de rejet radical de toute activité productive se distinguent des enquêtés des classes populaires, à la fois socialisés à une éthique du travail forte et contraints par les nécessités économiques et une employabilité de plus en plus faible à chercher un emploi stable.

The article focuses on a highly stigmatised category of joblessness where individuals are often referred to as being “voluntarily unemployed”. Interviewees here - all of whom stated they were “not actively seeking work” – had certain attributes in common, including biographical availability, far-left commitments or values and shared narratives regarding the negative wage labour situations they had experienced. On the other hand, they differed strongly in terms of the socioeconomic classes to which each belonged and as regards each individual’s actual distance from paid employment. For instance, the best-educated interviewees i.e. those with the greatest economic capital, could “afford” to pursue a highly precarious lifestyle and formulate a narrative entailing a radical rejection of all productive activities. Things were very different for respondents coming from less affluent social classes, who had been socialised to have a strong work ethic while also being constrained by economic necessity and the way their declining employability made it harder for them to find a stable job.

El artículo se concentra en una categoría de desempleados fuertemente estigmatizada y a veces llamada “desempleados voluntarios”. Las personas entrevistadas que se declararon abiertamente “no estar buscando activamente empleo” tenían como puntos comunes una situación de disponibilidad biográfica, compromisos o valores orientados hacia los movimientos de extrema izquierda y discursos compartidos sobre sus experiencias negativas del trabajo asalariado. Sin embargo, se diferenciaban en gran medida por su pertenencia de clase y su distanciamiento efectivo en relación con el empleo asalariado. Así pues, los más calificados que disponían de un capital económico y podían “permitirse” mantenerse en un modo de vida muy precario y formular un discurso de rechazo radical a cualquier actividad productiva se distinguen de los encuestados de las clases populares, a la vez socializados con una ética del trabajo sólida y obligados por las necesidades económicas y una empleabilidad cada vez más frágil para buscar un empleo estable.

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