24 juillet 2021
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Maxime Desmarais-Tremblay, « Walras, Musgrave et l’hétérogénéité entre les biens publics et les biens privés », Œconomia, ID : 10.4000/oeconomia.11218
Bien qu’ils appartiennent à des traditions intellectuelles différentes, Léon Walras et Richard A. Musgrave ont proposé des conceptualisations du rôle de l’État qui ont beaucoup en commun. Walras affirme que les services d'intérêt public comme le Musée du Louvre ne peuvent se justifier sur la base de demandes individuelles, contrairement aux produits échangés sur les marchés. Le jeune Musgrave rejette également l'assimilation conceptuelle entre les besoins privés qui sont satisfaits par des marchandises et les besoins collectifs qui sont satisfaits par des biens de nature collective. On peut dire que ces deux catégories de besoins – tout comme les biens qui les satisfont – sont hétérogènes. Le présent article cherche à comprendre pourquoi la conception walrasienne des services publics n'a pas eu de postérité en économie publique. Nous montrerons que la position de Walras a été mal reçue par les économistes, notamment à cause de l'hétérogénéité entre les biens collectifs et les biens privés. Cette posture méthodologique devint inacceptable à une époque où l'individualisme s'imposa comme norme au sein de l'économie du bien-être. Nous montrons en quoi Musgrave a connu plus de succès avec sa conception parce qu'il a su l'adapter aux transformations méthodologiques. En effet, Musgrave défendit dans un premier temps la thèse de l'hétérogénéité proche de celle de Walras, mais changea d'avis dans les années 1950. Malgré tout, l'impopularité de son concept de bien méritoire illustre justement la difficulté d'un besoin collectif qui n'est pas parfaitement rattaché à l'individualisme méthodologique.