1 septembre 2015
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Nicolas Vallois, « The Pathological Paradigm of Neuroeconomics », Œconomia, ID : 10.4000/oeconomia.1442
Cet article propose une analyse de la neuroéconomie du comportement motivationnel, également connue sous le nom d’“économie neurocellulaire” (Ross, 2008). L’objectif principal de l’étude consiste à montrer que les neuroéconomistes sont influencés, de manière implicite, par des enjeux et des impératifs médicaux. À partir des thèses avancées par Georges Canguilhem dans le Normal et le Pathologique, j’essaierai d’interpréter la méthodologie de la neuroéconomie comme un paradigme pathologique. En effet, on peut mettre en évidence que, dans les expériences de neuroéconomie, la classification clinique des troubles addictifs est utilisée comme critère de définition normative de l’irrationalité. Une telle approche, fondée sur la pathologie, est négative en ce sens que c’est à partir de l’identification des différentes manières dont les individus ne doivent pas se comporter que l’on peut inférer la manière dont ces mêmes individus doivent se comporter. Cela permet aux modèles dits neuronaux de la prise de décision d’être à la fois descriptifs et normatifs. Les addictions sont pensées dans ce cadre comme des pathologies de la prise de décision. Parce que ces pathologies doivent être traitées, la neurophysiologie a une portée et un intérêt aussi bien pour l’économie positive que pour la réflexion sur les politiques économiques et l’économie du bien-être. La neuroéconomie illustre ainsi la montée en puissance récente d’une sémantique à caractère médical dans l’analyse du bien-être.