« Une triste fin pour un si grand travail » ? La révision de l’utilitarisme par Henry Sidgwick

Résumé Fr En

Cet article souligne la singularité de l’éthique utilitariste de Henry Sidgwick, en confrontant ses vues à celles de Jeremy Bentham. Il met en lumière sous un angle nouveau les insatisfactions du premier à l’égard de la pensée du second, les considérant comme l’une des raisons de son entreprise de révision de la doctrine dans The Methods of Ethics. Cette perspective permet d’expliquer l’herméticité des approches de ces deux auteurs, pourtant réunis par l’histoire des idées au sein d’un même courant de pensée. L’article rend compte et discute des traits saillants de l’utilitarisme révisé de Sidgwick : ses fondements intuitionnistes, son rejet de l’hédonisme psychologique et son acception intergénérationnelle du principe d’utilité, posant de manière incidente quelques jalons dans l’histoire de l’économie du bien-être d’Alfred Marshall et Arthur C. Pigou.

This paper focuses on the singularity of Henry Sidgwick utilitarian ethics when checked against Bentham’s views. It sheds new light on Sidgwick’s dissatisfactions towards Bentham’s thought, considering them as one of his motives to revise the utilitarian doctrine in The Methods of Ethics. Such a perspective permits to explain the discrepancies between Sidgwick’s and Bentham’s thoughts. The paper then discusses the salient points of Sidgwick’s revised utilitarianism: its intuitionist basis, his rejection of psychological hedonism and his intergenerational conception of the utility principle, making incidentally some connections with the welfare economics of Alfred Marshall and Arthur C. Pigou.