20 avril 2020
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Jean-Luc Gaffard, « Monnaie, crédit et inflation : l’analyse de Le Bourva revisitée », Œconomia, ID : 10.4000/oeconomia.7298
La théorie monétaire qui est devenue dominante à partir des années 1970 repose sur deux propositions principales : l'inflation est la conséquence de l'émission excessive de monnaie par une banque centrale obligée de suivre la volonté de gouvernements impécunieux, et le montant de la monnaie en circulation est déterminé de manière exogène via le multiplicateur de crédit. Au début des années 1960, un économiste français, Jacques Le Bourva, proposait, dans deux articles de la Revue Économique, une approche radicalement opposée. Pour lui, l'inflation est un phénomène cumulatif résultant d'un excès de crédit aux entreprises à l'origine de déséquilibres sur les marchés de biens ; un déficit budgétaire n’est pas nécessairement inflationniste ; les crédits sont des dépôts et non l'inverse, en d’autres termes, la création de monnaie est endogène. Cette approche est étonnamment moderne quand nous essayons de comprendre les impasses de la théorie et de la politique économique encore dominantes. Elle permet d’expliquer la déflation aussi bien que l’inflation. Elle est aussi une tentative réussie de comprendre l’articulation entre politiques monétaire et budgétaire, d’un côté, et comportements des entreprises, de l’autre.