Usages gouvernementaux de la participation citoyenne au Chili : mobiliser, contrôler, légitimer (1964-2010)

Résumé Fr En Es

Cet article analyse les représentations qu’ont les gouvernants démocrates chiliens de la participation citoyenne et l’usage qu’ils en font, tant au niveau discursif qu’au niveau des politiques publiques. Leurs rapports ambivalents vis-à-vis de la participation des citoyens qui, tout à la fois, légitime leur pouvoir et peut le remettre en cause sont-ils à attribuer au contexte et au personnel politique, ou, au contraire, à la structuration même de l’institutionnalité démocratique ? Pour répondre, l’analyse porte successivement sur le gouvernement d’Eduardo Frei Montalva (1964-1970), sur celui de Salvador Allende (1970-1973) et sur les gouvernements successifs de la Concertation (1990-2010). On conclut que, malgré des contextes opposés, les gouvernants entretiennent un rapport instrumental similaire à la participation citoyenne, dont ils ont besoin, soit pour mener à bien leur projet politique – dans les deux premiers cas –, soit pour réassurer leur propre légitimité et celle des institutions démocratiques – troisième cas.

This article analyzes the Chilean rulers’ representations of public participation through their discursive and public policy uses. Can we explain their ambivalent relations with public participation –being both the source of their legitimacy and a threat to their power– by historical situations and political personalities? Or is it rather a structural effect of democratic institutionnality? To answer, the analysis deals successively with the Eduardo Frei Montalva (1964-1970), Salvador Allende (1970-1973) and Concertation (1990-2010) governments. It appears that, despite opposite situations, the successive rulers share a similarly instrumental relation with public participation as they need it either to achieve their political goals –first and second cases–, or to reassert their own legitimacy, as well as the democratic institutions’ –third case.

Este artículo analiza las representaciones de los gobernantes democráticos chilenos sobre la participación ciudadana en relación con su uso, a nivel discursivo tanto como al nivel de las políticas públicas. ¿Es posible explicar sus relaciones ambiguas con la participación ciudadana que, a la vez, legitima su poder y puede amenazarlo como un efecto del contexto o del personal político? ¿O son más bien el efecto de la estructuración misma de la institucionalidad democrática? Para responder, se analiza sucesivamente los casos del gobierno de Eduardo Frei Montalva (1964-1970), Salvador Allende (1970-1973) et de los gobiernos sucesivos de la Concertación (1990-2010). Se concluye que, a pesar de contextos opuestos, los gobernantes tienen el mismo tipo de relación instrumental con la participación ciudadana que les es necesaria para avanzar con su proyecto político –en los 2 primeros casos– o para reasegurar su propia legitimidad y la de las instituciones democráticas –tercer caso.