9 juin 2016
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Mickaël Baillet et al., « Investigation concerning a tool: techno-economical, functional and experimental analysis of Chatelperronian endscrapers from Canaule II (Creysse, Dordogne, France) », Paléo, ID : 10.4000/paleo.3007
Après l’objet emblématique qu’est la pointe de Châtelperron, le grattoir est numériquement parlant l’outil le plus important au sein des assemblages lithiques châtelperroniens. Il n’a pourtant été que très peu étudié. L’étude techno-économique, spatiale et fonctionnelle des trente-trois grattoirs provenant du gisement de Canaule II (Creysse, Dordogne) représente donc une occasion d’interroger le statut de ces outils au sein du fonctionnement de ce technocomplexe. À la fois atelier de taille et théâtre d’activités domestiques, ce gisement est en effet particulièrement bien conservé, et permet un bon degré de résolution dans la reconstitution de leur manufacture, leur mode de préhension, leur fonctionnement, leur maintenance et leur abandon. Les résultats de cette étude sont les suivants : 1) Il n’y a pas de production spécifique de supports de grattoirs : ceux-ci sont choisis parmi des grands éclats parfois allongés issus des phases de mise en forme ou d’entretien des nucléus laminaires ; 2) Il existe une variabilité tant en ce qui concerne la morphologie des supports que l’aspect de leur retouche ; 3) Une seule activité est décelable : le raclage de peau sèche entrecoupé de ravivages du tranchant dès l’apparition du moindre émoussement. En nuançant notre interprétation sur une base ethnographique couplée à des expérimentations aux côtés d’un artisan tanneur traditionnel, nous avançons la possibilité qu’il s’agisse ici d’une opération d’amincissement de peaux. Une fois rappelé que cela correspond à une étape opératoire très différente du simple écharnage (à la fois dans leur moment d’intervention, leur principe, ainsi que dans le champ des objectifs possibles), nous concluons a minima que les châtelperroniens de Canaule II possédaient un savoir-faire exigeant en termes de procédé technique, symptomatique d’un véritable artisanat du cuir.