9 décembre 2015
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André Topia, « Retraduire Ulysses : le troisième texte », Palimpsestes, ID : 10.4000/palimpsestes.1579
Les difficultés à traduire Ulysses tiennent au fait qu’il s’agit paradoxalement d’un texte qui est toujours en train de se traduire lui-même et où les différentes versions sont toujours les actualisations aléatoires d’une série paradigmatique ouverte. De plus, ces difficultés ne viennent pas nécessairement de ce qu’on associe habituellement à l’écriture “joycienne” (les fragmentations du monologue intérieur, la créativité lexicale et les phénomènes de condensation, les rythmes phoniques et onomatopéiques dus au mimétisme de la “expressive form” les équivalents d’accords musicaux ; etc.). Des anomalies plus profondes tiennent aux modes verbaux, à la distribution des propositions dans la phrase, en particulier au rapport entre les participiales et les verbes à mode personnel, à la place et au rôle des appositions, aux instabilités du style indirect libre, à la fonction des adverbes dans les indications de gestualité, aux formulations génériques et définitionnelles. En explorant ces anomalies structurelles, le traducteur sera peut-être amené à remonter à un texte potentiel, le “troisième texte”, qui n’est ni l’original ni la traduction, mais les engendre tous les deux.