14 décembre 2017
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Cédric Ploix, « « Sorry for the rhyme, not the sentiment » », Palimpsestes, ID : 10.4000/palimpsestes.2326
Si traduire Molière et Racine en pentamètre iambique représente à la fois une marque de déférence à l’égard du langage dramatique du Grand Siècle et une certaine promotion de la versification canonique de la poésie anglaise, plusieurs critiques affirment que la scène moderne admet peu cette forme prosodique. La question de la rime agite également de vifs débats : de nombreux traducteurs posent que l’accentuation tonique de l’anglais donne une emphase trop marquée à la rime, qui attire l’attention du public sur l’artificialité du langage plus qu’elle ne véhicule le sens. Si les défenseurs de la rime sont moins nombreux, Molière a souvent été traduit en « couplets héroïques », sous prétexte que le décasyllabe rimé a un certain effet comique, justement grâce à son artificialité. Allant à l’encontre des tentatives désespérées de fluidifier la versification du théâtre classique français par bon nombre de traducteurs, les trois adaptations du poète Roger McGough (Tartuffe, 2008, The Hypochondriac, 2009 et The Misanthrope, 2013), tirent l’essentiel de leur comique des effets de contrastes prosodiques volontairement ostensibles. On sent également l’expérience du poète-récitant : les adaptations sont chargées de microstructures rythmiques et de divers procédés morphosyntaxiques assurant une dimension particulièrement sonore à la réalisation théâtrale.