26 novembre 2019
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Sophie Goupille, « Marcher, créer, révéler », Projets de paysage, ID : 10.4000/paysage.301
Les frontières possèdent ce caractère à la fois évident et insaisissable. Évident car tout un chacun se représente ce qu’est une frontière ; insaisissable car il en existe de multiples définitions et interprétations qui dans leur nature et dans les faits se traduisent parfois en paradoxes. Elles relient et divisent, coutures et coupures, instables et figées. Indispensables pour certains et absurdes pour d’autres. Limites physiques, administratives, identitaires, scientifiques, de savoirs, elles interrogent, par le fait même d’exister, notre rapport à l’autre. En ce début du XXIe siècle, la frontière contient entre autres les flux migratoires. Ce contenu hypermobile, faisant l’apologie de l’homme nomade, est contraire au caractère sédentaire d’une majorité de notre civilisation et transforme parfois la frontière en ligne statique. C’est en qualité de promeneuse que nous choisissons d’arpenter un territoire transfrontalier pour mieux en comprendre le sens, le décrire et le déconstruire. Libre de passer du dehors au dedans, jusqu’à ce que le contexte nous rattrape. Libres d’aller et venir à la vitesse du corps, jusqu’à ce que nos propres limites nous poursuivent. Libres de voir, de sentir, d’écouter et de rencontrer la quotidienneté dans la spécificité. Par la rencontre du territoire vécu et des êtres qui le peuplent, il nous est donné une vision singulière de la ligne frontière et le temps de penser sa limite dans notre rapport perception/représentation.En intégrant la notion de perception à ce travail sur le paysage d’une ligne frontière, certaines questions émergent. Comment fait-on une expérience spatiale ? Quelle méthode expérimentale mettre en place qui révèle une matière première perceptive ? Comment permettre aux différentes formes de cette matière récoltée, qui dans ce travail sont la description et la photographie, de cohabiter avec d’autres savoirs accumulés ? Comment rendre ce travail perceptible à autrui ? Cet article tente donc une forme d’hybridation, prenant pour outils les mots et la photographie, mêlés à un travail plus analytique mettant en forme une pensée dans un corps à corps avec la ligne frontière aux contours incertains.