22 juillet 2020
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Denis Delbaere, « La forêt linéaire », Projets de paysage, ID : 10.4000/paysage.9032
Les problèmes de gestion que posent les taillis boisés qui se sont formés par manque d’entretien sur les talus et les accotements plantés des grandes infrastructures de transport ouvrent la perspective d’un projet de paysage analysé ici à partir du cas de l’Eurométropole Likoto (Lille-Kortrijk-Tournai). Les gestionnaires d’infrastructures suivent une logique de contention de cette forêt linéaire qui se développe librement à distance des voies et des plateformes. Ces logiques d’abandon favorisent à leur tour des pratiques sociales d’habitats temporaires et de loisirs qui tirent parti du couvert « forestier ». Parallèlement, depuis quelques années, une approche plus raisonnée de ces boisements d’infrastructures, comme ressource pour leur valorisation esthétique mais aussi économique (production et exploitation de la biomasse), se fait jour. Le statut de ces boisements passe depuis quelques années de celui de contrainte à celui de ressource, y compris pour les instances qui en ont la charge. Une telle mutation des perceptions de cette forêt potentielle recueille peut-être l’héritage de projets de paysage déjà anciens, comme le Plan vert belge de 1958 ou la forêt régionale du Nord-Pas-de-Calais et le « nouveau modèle forestier » qu’elle a défendu. La plasticité du modèle forestier, motivée notamment par les débats théoriques de l’écologie du paysage (notamment la théorie des îles et le SLOSS), induirait de ce point de vue un réinvestissement des friches arborées des bords d’infrastructures comme d’une véritable forêt linéaire.