L’atopie comme paradoxe politique

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21 décembre 2020

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Vingt ans après le premier numéro de Philosophie Antique, consacré aux « Figures de Socrate », le panorama des études socratiques semble avoir été profondément modifié par certaines nouveautés en matière de contenu et de méthode, issues d’une meilleure compréhension du phénomène des logoi sokratikoi et de son importance dans l’histoire culturelle et politique athénienne des ve et ive siècles.L’usage de la méthode intertextuelle a non seulement contribué à briser le monopole platonicien dans la transmission du patrimoine socratique, mais également à dépasser une lecture doctrinale des textes platoniciens, au profit d’une lecture plus attentive à la forme dialogique de l’écriture et à la logique interne de la représentation proposée par l’auteur : une mise en scène du débat éthique et politique du passé récent d’Athènes, dans lequel Socrate joue le rôle de conscience critique de la cité alors que Platon est tout simplement absent. Compte tenu de l’importance de cette reconstruction de la mémoire commune, dans le cadre des conflits d’idées et de références politiques qui impliquent certainement les socratiques, cet essai se propose de relire des aspects particuliers de la représentation platonicienne de Socrate : 1) la solitude du philosophe, obtenue aussi en minimisant et en discréditant la présence des socratiques autour de lui ; 2) l’« atopie » de Socrate, en tant que pratique du paradoxe incluant le renversement des canons traditionnels du savoir et du pouvoir ; 3) la vertu comme enjeu d’un défi dont dépend le choix des meilleurs hommes d’Athènes pour le gouvernement politique ; un défi dans lequel le Socrate platonicien prend une position très différente de celle d’Antisthène et de Xénophon, qui soulignent en revanche l’importance morale des vertus les plus dures (enkrateia, karteria), en évoquant un monde de valeurs semblable au modèle lacédémonien. Le but de cette recherche est de montrer que Platon expose une perspective politique divergente (par rapport à la cité démocratique et par rapport aux autres socratiques) à travers les choix pratiqués par son Socrate en matière de vertu. Ce sont des choix qui développent de manière cohérente le paradoxe de l’« atopie » de Socrate, nous permettant de tracer les lignes d’un dessin unitaire à travers différents contextes, y compris entre des dialogues traditionnellement considérés comme distants les uns des autres : entre le Protagoras et la République, ou entre le Criton, le Gorgias et le Politique. Le renversement des canons traditionnels trouve également son expression esthétique dans le masque de Socrate en Silène.

Twenty years after the first issue of Philosophie antique, devoted to the "Figures de Socrate", the panorama of Socratic studies seems to have been profoundly modified by innovations in terms of content and method, resulting from a better understanding of the phenomenon of the logoi sokratikoi and of its importance in Athenian cultural and political history of the 5th and 4th centuries.The use of the intertextual method has not only contributed to break the Platonic monopoly on the transmission of the Socratic heritage, but also to go beyond a doctrinal reading of the Platonic texts, in favor of a more attentive reading of the dialogical form and the internal logic of Platonic representation, which draws its scenes from the ethical and political debate of the recent Athen ’s past. In these texts, Socrates plays the role of the critical consciousness of the city while Plato is simply absent. Considering the importance of this reconstruction of the common memory, within the framework of the political conflicts that certainly involve the Socratics, this essay proposes to shed new light on some particular aspects of the Platonic representation of Socrates : 1) the solitude of the philosopher, obtained also by minimizing and discrediting the presence of the Socratics around him ; 2) the Socratic “atopia”, as a practice of paradox including the overthrow of the traditional canons of knowledge and political power ; 3) virtue as a criterion to be defined to distinguish and choose the best men of Athens for political government ; and therefore also as a stake in a challenge in which the Platonic Socrates takes a very different position from Antisthenes ’ and Xenophon’s Socrateses, who emphasize the moral importance of the hardest virtues (enkrateia, karteria), evoking a world of values similar to the Spartan model.The aim of this research is to show that Plato exposes a divergent political perspective (in relation to the democratic city and in relation to the other Socratics) through the choices practiced by his Socrates in matters of virtue. These are choices that coherently develop the paradox of Socratic “atopia”, allowing us to trace the lines of a unitary drawing across different contexts, even between dialogues that tradition considers as distant from each other : between the Protagoras and the Republic, or between the Crito, the Gorgias and the Statesman. The overthrow of traditional canons also finds its aesthetic expression in the mask of Socrates as Silenus.

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