1 octobre 2022
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Solène Camus, « Monstre(s) et monstration : vers une poétique du visuel dans Machines Like Me, de Ian McEwan », Polysèmes, ID : 10.4000/polysemes.10208
Cet article se concentre sur le roman Machines Like Me and People Like You (2019) de Ian McEwan. Dans ce roman, l’auteur réactualise le concept d’inquiétante étrangeté en transformant l’Olympia de Hoffmann en Adam, un androïde acheté par le narrateur. Charlie déclare : « But as I looked into his eyes, I began to feel unhinged, uncertain. Despite the clean divide between the living and the inanimate, it remained the case that he and I were bound by the same physical laws » (129). Qui est machine, qui est humain ? L’ambiguïté s’annonce dans le parallélisme du titre et la narration à la première personne. McEwan semble soulever de nouvelles questions éthiques et il s’agira de déterminer en quoi son interrogation se construit autour d’enjeux visuels et d’une dialectique de la ressemblance. Par ailleurs, le roman s’ouvre sur le constat que la création d’androïdes est motivée par un « monstrous act of self-love » (1). Si « self-love » suppose le narcissisme de l’être humain et nous renvoie à la question éthique, le terme « monstrous » nous invite à considérer la dimension visuelle de l’entreprise scientifique. L’origine du terme « monstre » travaille la polysémie entre la créature et la révélation dans la monstration. Adam n’est dès lors pas seulement une créature à observer de près (4), mais une image qui se montre, « like Botticelli’s Venus rising from her shell » (25). Il conviendra d’interroger le portrait que l’androïde reproduit. Alors qu’Adam semble projeter l’image de la masculinité hégémonique, McEwan problématise le regard afin de proposer un androïde à l’identité trouble. L’article se propose enfin d’envisager en quoi un tournant vers le post-humain permet à McEwan de forger une poétique du monstrueux et de la monstration.