27 novembre 2016
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Aurélien Saby, « Lecture de « Down There » de W.H. Auden : de la cave des origines au retour de la guerre », Polysèmes, ID : 10.4000/polysemes.1517
Cet article propose une traversée inédite des frontières spatiales et temporelles de « Down There » de W.H. Auden. Christopher Isherwood aimait à dire qu’Auden avait « un cerveau de pie », ce qui fascine et déroute tout lecteur soucieux d’analyser les échos résonnant dans son œuvre. En 1959, le poète acheta en Autriche une maison à laquelle il consacra un recueil. Le poème dédié à la cave, « Down There », mésestimé par la critique, fera l’objet d’une lecture soulignant le rôle crucial de l’intertextualité dans le renouvellement du génie créatif de son auteur. Si « Down There » nous invite à mobiliser des hypotextes reliés aux archétypes de la cave (caverne d’Ali Baba, trou de Hobbit, etc.), aux mythes d’une plénitude retrouvée (Utopie, Pays de Cocagne) associés à une enfance heureuse – voire à un désir de régression vers le lieu de l’origine –, les vers d’Auden ne se figent toutefois jamais dans « l’aspect transi de la parole mythique » (Barthes). La poésie d’Auden est in fine démythifiante, « Down There » ne faisant nullement exception à la règle. Curieusement, c’est ici une autre trame intertextuelle sous-jacente qui ébranle la stabilité des repères. Par exemple, des mots empruntés à Richard III traversent – ou déchirent – inopinément la toile du texte en réintroduisant une tension tragique. Par ailleurs, si l’on rapproche certains vers de l’œuvre de photographes comme Bill Brandt (abris souterrains pendant le Blitz), l’évocation de la cave n’a plus rien d’une « fixation de bonheur » (Bachelard). En s’aventurant « en bas », locuteur et lecteurs font alors l’expérience d’une nouvelle descente en enfer dans un contexte de guerre atemporelle.