20 décembre 2018
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Pascal Aquien, « « The Cataract of Lodore » (1820), de Robert Southey : poétique de l’écho, de la langue à lalangue », Polysèmes, ID : 10.4000/polysemes.4293
Cet article analyse un poème de Robert Southey, « The Cataract of Lodore », négligé par la critique, en dépit de sa célébrité, sans doute en raison de sa nature apparemment artificielle, puisqu’il se fonde en grande partie sur un procédé « facile » laissant libre cours à de multiples assonances et allitérations. Adressé aux enfants du poète, qui l’interrogent sur la manière dont l’eau s’écoule en cascade à Lodore, dans le nord de l’Angleterre, lieu « pittoresque » connu des poètes lakistes et des « touristes » de l’époque, le poème répond par une « description » anaphorique et phonique, impressionnant morceau de bravoure. Toutefois, je vais tâcher de montrer qu’il est bien plus qu’un exercice de style fondé sur le principe connu de l’harmonie imitative, dans la mesure où il s’interroge, certes sans le dire expressément, sur l’expérience première du langage, celle de la lallation. Jacques Lacan a forgé le concept de lalangue, en un seul mot, pour identifier ce rapport archaïque au langage, qui suppose une jouissance et qui met en évidence la puissance constitutive du signifiant, alors que l’harmonie imitative se situe, elle, du côté du signifié. Le poème se lit alors, selon moi, comme une remontée, ou une anabase, vers ce qu’éprouve l’infans, l’enfant qui ne parle pas encore, lors de cette expérience fondatrice. Enfin, s’il fait montre du savoir technique du poète, qui met en avant dans la première strophe sa qualité de « poète-lauréat » jouissant d’une reconnaissance sociale officielle, ce poème est pour l’essentiel un don fait à l’enfant qui a « oublié », ou refoulé, en raison de son insertion dans le système symbolique du langage articulé, ce qui l’a construit en tant qu’être humain, et lui rappelle ainsi ce qu’il avait alors éprouvé.