30 mai 2019
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Alice Labourg, « Reconstructing Gothic Architecture in Ann Radcliffe’s Novels: from Decorative Details to Picturesque Tableaux », Polysèmes, ID : 10.4000/polysemes.4637
Selon Maurice Lévy, un roman gothique est « gothique » parce que son écriture est intimement liée à une architecture, l’histoire étant la dramatisation d’une demeure. Le château, l’abbaye ou le monastère médiéval en ruine sont en effet des clichés du genre, le décor indispensable à la survenue de toute action. Cet article se propose d’explorer la dimension esthétique de l’architecture gothique dans les romans d’Ann Radcliffe, en particulier ses effets picturaux et visuels, depuis ces détails emblématiques qui estampillent un bâtiment comme étant « gothique » à la création de tableaux pittoresques composés comme de véritables « peintures de mots ». Cette reconstruction littéraire de l’architecture gothique entre en résonance avec la réappropriation des formes médiévales par le renouveau gothique au XVIIIe siècle. Radcliffe transpose ce gothique ornemental dans la sphère romanesque, réinterprétant le style ancien des « Goths » pour répondre aux finalités dramatiques modernes. Des motifs gothiques caractéristiques tels que les vitraux ou l’arche sont utilisés pour créer une atmosphère inquiétante ou produire des effets compositionnels. S’appuyant sur les modèles picturaux et les qualités pittoresques attribuées à l’architecture gothique, les descriptions de Radcliffe génèrent des « tableaux », équivalents littéraires aux « Paysages avec ruines [gothiques] » alors en vogue. Enfin, en insérant des bandits à la manière de Salvator Rosa dans des décors architecturaux, la romancière fait converger le renouveau gothique en architecture et un sous-genre à la mode en peinture pour composer ses propres « Paysages avec Bandits » gothiques.