22 décembre 2019
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Claire Larsonneur, « Ned Beauman’s Glow, or the hallucinated city », Polysèmes, ID : 10.4000/polysemes.6029
Dans son troisième roman Glow (2014), Ned Beauman renouvelle la figure du Londres littéraire et du paysage urbain en posant sur la métropole le regard d’un millénial dont l’univers mental est profondément modifié par l’usage de la drogue. Beauman, que Granta avait listé en 2013 parmi les dix meilleurs jeunes romanciers britanniques, reprend tous les codes de la culture urbaine underground dans son portrait des quartiers sud de Londres en 2010. Sous sa plume les lieux les plus ordinaires tels que les laveries automatiques, les HLM, les ponts ferroviaires ou les fast-food pointent vers un univers parallèle alternatif, tissé de réalité virtuelle, où prospèrent les trafics et l’exploitation humaine. Je me propose d’étudier comment la très riche intertextualité de Glow, tant visuelle que littéraire, s’articule à des enjeux spécifiquement contemporains tels que la connexion numérique, la surveillance électronique et la valence des bogues. S’inspirant des écrits critiques d’Alexander Galloway et d’Eric Sadin sur l’interface et le monitoring numériques, on peut voir dans le brouillage systématique des frontières de la perception par le biais des stupéfiants ou de la technologie une forme d’exploit, une stratégie d’émancipation du cadre étouffant des cités modernes régies par les multinationales. Il serait réducteur de dire que le paysage mental et le paysage territorial se reflètent dans Glow : il semble plutôt qu’ils s’interpellent et se cannibalisent l’un l’autre et, ce faisant, remettent en question nos évidences.