1 octobre 2022
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L’intrigue de L’Enfant Volé, roman publié par Ian McEwan en 1987, repose sur la disparition brutale d’une enfant prénommée Kate dans un supermarché, à la vue de tous et en présence de son père Stephen. Au fil du roman, la nécessité de compenser cet échec fondateur de vision s’accompagne d’une tentative de re-composer un portrait mémoriel de Kate, qui reste cependant menacé par la fragmentation et la perte. McEwan opère un brouillage des limites entre l’absence de la disparue et sa mise en mémoire, qui mène à une spectralisation du souvenir, au sens étymologique du terme « spectre » (du latin spectare, « regarder »). Cette réminiscence spectrale entraîne alors des incursions narratives dans le registre fantastique, qui viennent à la fois perturber le régime réaliste de représentation du deuil et redéfinir la tonalité élégiaque du récit. L’insistance sur la dimension visuelle du roman est au cœur d’une composition (anti-)élégiaque qui interroge à la fois la possibilité de préserver le souvenir de l’enfant perdue et la quête de consolation du père endeuillé. Entre représentation de la perte et potentiel révélateur, la prévalence du voir au sein du roman est au cœur de l’entreprise narrative de consolation.