11 janvier 2024
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2425-2042
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/0338-2389
info:eu-repo/semantics/openAccess , All rights reserved
Liliane Sprenger-Charolles, « Les délires de l’orthographe du français : analyses et propositions », Pratiques, ID : 10.4000/pratiques.14153
Les résultats des recherches sur l’apprentissage de la littéracie apportent des arguments nouveaux en faveur d’une rationalisation de notre orthographe. Ces recherches ont en effet clairement montré que l’opacité de l’orthographe d’une écriture alphabétique (c’est-à-dire la faible transparence des correspondances graphème-phonème pour la lecture [CGPh] et phonème-graphème pour l’écriture [CPhG]) a un impact négatif sur ces apprentissages. Alors qu’apprendre à lire en anglais nécessite plusieurs années, ce n’est pas le cas en espagnol et en allemand, langues qui ont une orthographe moins opaque que celle de l’anglais, le français se situant entre les deux, mais plus proche de l’espagnol pour la lecture et de l’anglais pour l’écriture. En outre, ces difficultés sont plus sévères chez les élèves les plus fragiles, ceux issus d’un milieu peu favorisé tout comme les dyslexiques. L’absence de transparence de l’orthographe a donc un cout social important. Le présent article dresse un état des lieux des acquis et des interrogations sur les questions en lien avec l’orthographe et la réussite scolaire. Après l’introduction, centrée sur les différents systèmes d’écriture et les spécificités de l’écriture alphabétique (1), sont présentées les raisons qui expliquent l’opacité de l’orthographe du français (2). La troisième partie (3) présente un aperçu historique de l’orthographe du français avant et après la création de l’Académie française et de son dictionnaire. Une attention particulière est portée aux débats de la fin du xixe siècle en lien avec l’introduction de l’école obligatoire pour tous ainsi qu’aux actions du xxe siècle sous les auspices du ministère de l’Éducation (Tolérances pour les examens et concours de 1901 et 1977) ainsi que du Conseil supérieur de la langue française (Rectifications de l’orthographe de 1990). L’avant dernière partie (4) rapporte les résultats des travaux de recherche sur la maitrise de l’orthographe (lexicale et grammaticale) du français. La conclusion (5) suggère les actions qu’il faudrait mener en conformité – et en continuité – avec ce qui a déjà été fait pour aider au mieux nos élèves en tenant compte des nouveaux moyens à notre disposition : les résultats des recherches sur la maitrise de l’orthographe du français, les bases de données informatisées qui prennent en compte la fréquence et la consistance des CGPh et CPhG (entre autres) et les correcteurs orthographiques informatisés.