17 novembre 2014
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Raymond Michel, « « Finançons les études littéraires » », Pratiques, ID : 10.4000/pratiques.1492
Dans ces temps d’austérité et de pragmatisme économiques, il n’est pas évident de soutenir qu’il y a quelque intérêt à étudier des textes littéraires, surtout quand ils sont « anciens », comme aime à répéter le chef de l’État. Et, en effet, le didacticien, qui a l’ambition de s’intéresser à l’enseignement de la littérature, se voit confronté à des questions qui pourraient mettre en cause sa légitimité, sinon saper son moral : Pourquoi inscrire la littérature – pratique a priori solipsiste et hédoniste – dans le cadre de l’école ? Quels avantages peut-il y avoir à étudier des textes qui revendiquent, très souvent et explicitement, leur caractère affabulatoire et leur autonomie esthétique par rapport aux enjeux sociaux et éthiques de notre temps ? N’est-il pas plus urgent que l’école retrouve ses « fondamentaux » (déchiffrage des lettres et des phrases, compréhension de textes simples et fonctionnels) ? C’est le mérite du livre d’Yves Citton – Lire, interpréter, actualiser. Pourquoi les études littéraires ?, Éditions Amsterdam, 2007 – de répondre à ces questions, sur le mode offensif, et de montrer qu’une lecture actualisante peut avoir des enjeux politiques et cognitifs incontestables (autonomie critique, processus de subjectivation multiples...). Ce qui amène l’auteur à expliquer pourquoi il faut financer les études littéraires. C’est pour toutes ces raisons qu’il nous a semblé qu’il était important et urgent d’incorporer, d’une façon critique, à la réflexion didactique le cadre théorique dans lequel Yves Citton situe l’acte herméneutique, d’autant plus que sa réflexion permet, en partie, de repenser autrement l’enseignement de l’interlocution littéraire.