4 avril 2016
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Patrick Dendale et al., « Il y aurait exactement quatre linguistes qui… », Pratiques, ID : 10.4000/pratiques.2673
Cet article porte sur une combinaison d’éléments, dont on pourrait supposer qu’elle serait exclue du point de vue théorique : le conditionnel épistémique + exactement + un numéral cardinal. En effet, on pourrait s’attendre à un conflit entre, d’une part, le sémantisme du marqueur exactement, dont la principale valeur est de signaler que le locuteur garantit que le chiffre donné est exact et/ou précis, et, d’autre part, le conditionnel épistémique (CE), qui signale le refus de prise en charge de ce même chiffre par le locuteur final. Or, la combinaison est bel et bien attestée dans certains corpus (autres que Frantext), toute rare qu’elle demeure. Ces exemples attestés mettent en doute le conflit théorique et invitent à s’interroger sur les conditions qui rendent la combinaison possible. Pour trouver une explication à ce phénomène, nous décrivons d’abord le sémantisme de l’adverbe (marqueur d’exactitude et de précision, selon les cas) et examinons l’effet, sur l’interprétation de l’adverbe et sur ses possibilités d’emploi, de la présence dans la phrase d’un conditionnel épistémique, marqueur de refus de prise en charge et de reprise d’information à autrui. La conclusion de l’étude est que l’adverbe exactement n’entre pas en conflit avec la valeur du CE lorsque : le locuteur « final » cite le locuteur source, lorsqu’il traduit la présomption d’exactitude du chiffre de l’énoncé source, ou lorsqu’il indique le caractère précis du chiffre provenant de l’énoncé source. La combinaison n’est donc pas une exclue de la langue, mais les situations où elle peut se rencontrer sont très contraintes, ce qui explique qu’on en trouve relativement peu d’exemples authentiques.