15 novembre 2013
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Sylvie Mellet et al., « Juste/à peine et la construction de la frontière notionnelle », Cahiers de praxématique, ID : 10.4000/praxematique.1085
Dans cet article nous analysons d’abord les différents emplois de l’adverbe juste dans lesquels, précédant et modalisant un élément nominal, adjectival, verbal ou propositionnel, cet adverbe exprime une nuance limitative ou restrictive, c’est-à-dire manifeste que la propriété qui caractérise l’élément modalisé n’est pas pleinement réalisée ou ne l’est qu’a minima. Nous travaillons sur des exemples relevés dans la base littéraire FRANTEXT dans le cadre d’une linguistique énonciative qui s’attache à rendre compte des formes et emplois attestés en corpus pour les articuler à une valeur unique en langue. Grâce à une étude minutieuse des cotextes dans lesquels figure l’adverbe juste, nous montrons que les divers emplois de celui-ci peuvent être facilement expliqués dans le cadre de la Théorie des Opérations Énonciatives en faisant l’hypothèse que juste positionne l’occurrence qu’il modalise sur le bord interne de la frontière du domaine notionnel. Nous confirmons cette conclusion en confrontant le fonctionnement de juste et celui d’à peine dans des contextes où ils semblent proches. Cette analyse comparée révèle que les deux adverbes, pour avoir parfois des emplois proches, n’en ont pas moins une forme schématique en langue différente et des orientations argumentatives en discours complémentaires. À peine positionne en effet l’occurrence qu’il modalise sur le bord externe de la frontière. Cette étude confirme donc la nécessité de poser, dans le modèle topologique qui schématise un domaine notionnel, une frontière épaisse et illustre le pouvoir heuristique de ce concept culiolien.