Les désignatifs collectifs comme révélateur de tensions sociales : le cas de « nègre » et de « juif »

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1 janvier 2015

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Certains mots portent le lourd passé des faits ou des groupes qu’ils nomment ; « nègre » et « juif » sont indéniablement de ceux-là. L’analyse récente d’événements médiatiques au cours desquels ces deux mots ont été utilisés, ce qui a valu aux auteurs des sanctions populaires et institutionnelles, montre les risques à les utiliser. Dans le premier cas, c’est l’usage même du terme qui, en opposition avec son correspondant plus acceptable Noir, a été fortement décrié : dans un sketch qui se voulait humoristique lors d’une émission de télévision québécoise très grand public (Bye Bye 2008, diffusé le 31 décembre 2008 par Radio Canada), le terme « nègre » associé à des commentaires raciaux stéréotypés ont fait scandale. Dans le second, ce sont les inférences ethnotypiques qui ont causé problème : dans un billet d’humeur (Charlie Hebdo, 2 juillet 2008), le chroniqueur Siné a commenté le mariage de Jean Sarkozy, faisant d’après certains commentateurs ressortir l’équation « juif et argent ». Dans ce texte, nous analysons ces deux événements, c’est-à-dire les discours sources et les réactions qu’ils ont suscités, afin de comprendre comment se créent et se propagent dans une communauté les connotations péjoratives qui accablent les désignatifs ethniques ou raciaux. En filigrane, c’est toute la question de ce qui devient insultant qui est posée avec, d’un côté, le seuil de tolérance aux propos potentiellement vexatoires et de l’autre, l’ingéniosité à identifier des inférences ou des intentions à des propos qui ne le seraient pas nécessairement.

Some words carry the heavy past of the facts or groups they name ; “nigger” and “Jew” are undeniably of that type. A recent analysis of media events during which these two words were used—which earned the authors public and institutional punishment—indicates the risks in using them. In the first case, it is the very use of the term that, as opposed to its more acceptable corresponding term “Black”, was strongly criticised : in a skit that was meant to be humorous during a very popular Quebec television programme (“Bye Bye 2008”, broadcast on December 31st 2008 on Radio Canada), the term “nigger” associated with stereotypical racial commentary resulted in scandal. In the second case, it is ethnotypical inference that was problematic : in a humour column (“Charlie Hebdo”, July 2nd 2008), columnist Siné commented on Jean Sarkozy’s wedding, highlighting—according to some commenters—the “Jews and money” equation. In this text, these two instances—the source discourses and the reactions they triggered—are analysed in order to understand how the derogatory connotation that plagues ethnic or racial designators are created and propagated within a community. Implicitly, it is the question of what becomes insulting that is asked ; on one hand, the tolerance threshold regarding potentially vexatious comments, and on the other, the ingenuity of imposing inferences and intentions to commentary that would not necessarily be such.

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