L’habituation des bonobos de la forêt de Manzano dans le Territoire de Bolobo (Province du Bandundu, RDC) : évolution du processus au regard du socio-écosystème

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8 janvier 2014

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L’habituation se définit comme l’assimilation d’observateurs par des animaux sauvages à des éléments neutres de l’environnement. Son évolution dépend des relations passées entre les populations locales et ces animaux, de l’organisation sociale de l’espèce, de sa densité, du type d’habitat et de la méthode utilisée. Pour les espèces de grands singes, ce processus est long et n’aboutit pas toujours. Le bonobo (Pan paniscus), espèce endémique de République Démocratique du Congo, a une organisation sociale de type fission-fusion. Dans le Territoire de Bolobo, il vit dans un habitat de mosaïque forêt-savane, très rare sur son aire de répartition. Localement, les Batéké respectent un interdit alimentaire sur les bonobos qu’ils considèrent comme un ancêtre quasi-humain. De plus, depuis plus de dix ans une initiative locale de conservation communautaire portée par l’ONG Mbou-Mon-Tour crée un environnement favorable à la protection et à l’étude de cette espèce emblématique. L’habituation des bonobos de la forêt de Manzano a débuté en 2010 de manière active mais discontinue. Les bonobos sont recherchés sur une zone de 22 km2, et localisés à partir des vocalisations et des traces fraîches en parcourant des pistes. Les observateurs s’approchent ensuite jusqu’à une distance acceptable (dépendante du contexte) mais toujours supérieure à 8 m pour éviter les risques de transmission de maladies et se font repérer en déchirant des feuilles tout en ayant une attitude inoffensive. Des observations ad libitum ont été conduites de mars 2011 à avril 2013 au cours desquelles différents paramètres reflétant la durée et la qualité des observations ont été relevées pour évaluer ce processus. Très peu de fuites ont été observées dès le début de l’habituation. Le temps de contact avec les bonobos par rapport au temps de recherche en forêt (cumulé en fonction du nombre d’équipes) est passé de 5,4 min/h en 2011 (94,5h sur 15j de forêt) à 6,8 min/h en 2012 (771h, 45j) et à 8,7 min/h en 2013 (645h, 48j). Entre 2012 et 2013, la distance minimale moyenne d’observation est passée de 33 m (20-70) à 23 m (8-50) et au moins 18 individus ont pu être identifiés en 2013. L’habituation des chimpanzés de l’Ouest dans un habitat de savane arbustive (Assiriki, Sénégal) ou de forêt dense (Taï, Côte d’Ivoire) a été bien plus longue, atteignant seulement 5,9min/h après 4 ans d’habituation au Sénégal et 8,3min/h après 5 ans en Côte d’Ivoire. Les bonobos étant plus cohésifs que les chimpanzés, le taux de rencontre du même individu est plus grand, facilitant l’habituation. Aussi, des entretiens effectués auprès des populations locales indiquent que traditionnellement les contacts avec les bonobos sont évités autant par les hommes que par les femmes. En plus de l’absence de chasse, cette stratégie d’évitement favorise probablement la tolérance des bonobos aux observateurs. Le type d’habitat (conformation et disponibilité alimentaire) pourrait aussi influencer la facilité de détection des primates.

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