Descriptions anatomiques et hypothèses étiologiques des déformations des mains et des pieds observées chez les chimpanzés de Sebitoli (Parc national de Kibale, Ouganda)

Fiche du document

Date

31 mars 2015

Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2077-3757

Organisation

OpenEdition

Licences

https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess




Citer ce document

Pauline Couchoud et al., « Descriptions anatomiques et hypothèses étiologiques des déformations des mains et des pieds observées chez les chimpanzés de Sebitoli (Parc national de Kibale, Ouganda) », Revue de primatologie, ID : 10.4000/primatologie.2128


Métriques


Partage / Export

Résumé 0

La pression anthropique aux alentours de la zone d’étude des chimpanzés de Sebitoli (Parc National de Kibale, Ouganda) est élevée. En effet, bien que l’accès au parc soit interdit à la population locale, des cultures vivrières, des plantations d’eucalyptus et de thé, ainsi que de nombreux villages (262-335 habitants/km2) circonscrivent la forêt. Des intrants chimiques (pesticides, engrais) utilisés dans les zones cultivées sont susceptibles de contaminer l’eau, le sol et les aliments des chimpanzés. D’autre part, ceux-ci sont victimes de pièges destinés au petit gibier, posés dans la forêt. Dans le nord du parc, la communauté de chimpanzés de Sebitoli, estimée à 80 individus, est en cours d’habituation depuis 2008. Parmi les 60 chimpanzés identifiés, 17 (28,3 %) présentent des anomalies des extrémités des membres. L’objectif de notre étude est de représenter ces déformations des membres afin de distinguer les anomalies d’origine humaine (pièges, pollution environnementale…) de celles issues d’un contexte naturel (agressions lors de conflits, chute accidentelle, arthrose…). Pour caractériser ces malformations, 83 séquences vidéo enregistrées de 2012 à 2014 lors d’activités diverses telles que la locomotion, l’alimentation ou le repos, ont été analysées. Pour chaque déformation observée, des captures d’images de différentes postures ont été sélectionnées et combinées pour réaliser un dessin final, représentatif de la déformation. En effet, compte tenu du niveau d’habituation des chimpanzés, les plans serrés en vidéo ou photo sont difficiles et les arrêts sur image de qualité médiocre. Les dessins permettent de compiler ces images et d’obtenir des représentations détaillées et instructives des déformations. Leur analyse révèle une grande variété de déformations et une atteinte de l’ensemble des classes d’âge et de sexe. Nous avons dénombré 7 amputations complètes du pied, de la main ou de l’avant-bras, une paralysie partielle du pied, 3 paralysies en crochet de la main ainsi que 5 amputations d’un ou plusieurs doigt(s) et 5 paralysies partielles ou totales de doigt(s). Au total, sur les 21 déformations répertoriées, 8 déformations proviennent de piégeages : cas des amputations totales de main, de pied ou d’avant-bras et/ou présence d’une cicatrice circulaire et/ou présence persistante d’un câble. Dix autres déformations résultent probablement de piégeages (cas des amputations de doigt(s) et des paralysies de doigt(s) ou de la main) mais les causes naturelles ne peuvent pas être exclues. La lèpre (aucun cas décrit jusqu’alors chez des chimpanzés sauvages) et les attaques de prédateurs (quasi-absents à Kibale) ont été exclues des causes possibles. Enfin, trois dernières déformations sont associées à d’autres malformations visibles et pourraient être syndromiques et d’origine congénitale : KY (amputation de doigts et fente labiale), KW (amputation de doigts, dysplasie faciale et dépigmentation) et AG (amputation d’un pied et dysplasie faciale). Si cette hypothèse était confirmée, il faudrait alors reconsidérer les autres déformations qualifiées comme « résultant probablement de piégeage ». Cette étude révèle l’impact non négligeable du piégeage sur les déformations observées et souligne l’existence potentielle de cas associés à l’effet de l’anthropisation (limitant la dispersion et/ou source de pollution) de l’habitat des grands singes.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en