Dysplasie faciale chez les chimpanzés sauvages de Sebitoli, parc national de Kibale, Ouganda : approches éthologiques, ethnographiques et agronomiques

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31 mars 2015

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Régine Gross et al., « Dysplasie faciale chez les chimpanzés sauvages de Sebitoli, parc national de Kibale, Ouganda : approches éthologiques, ethnographiques et agronomiques », Revue de primatologie, ID : 10.4000/primatologie.2260


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Près de 10 % des 80 chimpanzés composant la communauté de chimpanzés sauvages (Pan troglodytes schweinfurthii) de Sebitoli, dans le parc national de Kibale en Ouganda, présentent des phénotypes faciaux singuliers. L'étiologie de cette malformation est inconnue mais des études menées sur des groupes de macaques au Japon et à Hong Kong sévèrement affectés par des anomalies des membres (jusqu'à 17 % des individus dans les groupes de macaques approvisionnés en nourriture potentiellement contaminée par des pesticides) suspectent une origine congénitale liée aux agents tératogènes contenus dans les pesticides. Une étude a donc été menée du 06/03/14 au 15/05/14 afin de mieux connaître les conséquences physiologiques d'une telle malformation chez les chimpanzés de Sebitoli et leur exposition aux pesticides utilisés autour de la zone du parc. Des observations de type ''focal sampling'' d'une et dix minutes ainsi que des observations de type ''scan sampling'' toutes les minutes ont été effectuées sur les chimpanzés sauvages (27 individus dont 8 atteints de dysplasie faciale) en cours d'habituation par le « Sebitoli Chimpanzee Project » dirigée par S. Krief. Afin de tester l'hypothèse d'une origine de la malformation liée à la pollution environnementale, des entretiens ont été effectués auprès d'agriculteurs cultivant du maïs et/ou du thé à la bordure du parc. Comme les chimpanzés pillent le maïs et pratiquent la géophagie, 123 échantillons de sol, sédiment et de maïs ont été récoltés dans le but de mesurer les résidus de produits chimiques. Les travaux ethnographiques et agronomiques ont été effectués en collaboration avec l’équipe du département de chimie de l'université de Makerere (Kampala, Ouganda). Les observations conduites sur les chimpanzés ont permis de mettre en évidence un gêne respiratoire associée à la dysplasie faciale observée : les individus à dysplasie faciale ouvrent plus souvent la bouche que les individus normaux lors des activités de repos, de déplacement et d'alimentation, et leur rythme d’ingestion d’aliments sauvages (Ficus dawei) est également plus lent. Les entretiens ont révélé que l'usage local de produits chimiques était principalement freiné par leurs coûts élevés, y compris pour les petites exploitations de thé. Cependant, la culture de thé consomme une quantité importante d'herbicides et de fertilisants, ce qui entraîne probablement une pollution environnementale sur le long terme. Au total, cinq produits chimiques ont été désignés candidats pour une cause toxique intra-utérine de la malformation faciale des chimpanzés. Mais excepté le mancozeb qui ne semble pas avoir d'effets tératogènes, il est impossible de cibler plus précisément un intrant chimique parmi ceux utilisés régulièrement à savoir : un fertilisant (le NPK), un insectide (la cypermethrine) et deux herbicides (le 2,4-D et le glyphosate). Les analyses en cours des échantillons de sol, sédiments et maïs récoltés permettront d'évaluer l'exposition réelle des chimpanzés aux pesticides et plus largement, l'exposition de la population humaine et de la faune et flore du parc national.

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