Teneur nutritionnelle des aliments « préférés » et « non-préférés » du Mangabey de Sanje (Cercocebus sanjei). Test du modèle «fallback foods » et choix saisonnier de nourriture

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20 janvier 2016

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Guillaume Pagès, « Teneur nutritionnelle des aliments « préférés » et « non-préférés » du Mangabey de Sanje (Cercocebus sanjei). Test du modèle «fallback foods » et choix saisonnier de nourriture », Revue de primatologie, ID : 10.4000/primatologie.2389


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Les nourritures dites « de recul » ou « de rabat » (fallback foods), utilisées pendant les périodes de pénurie des aliments « préférés » comme les fruits, sont la plupart du temps perçues comme étant nutritionnellement pauvres, alors que les nourritures « préférées », elles, sont souvent jugées comme étant d’une haute qualité nutritive. Durant cette étude, les teneurs en nutriments des aliments « préférés » et « non-préférés » dans la prise alimentaire du singe Mangabey de Sanje (Cercocebus sanjei) ont été évaluées afin d’étudier son choix alimentaire pendant un cycle annuel phénologique. Un groupe de 30 mangabeys de Sanje adultes a donc été étudié de juillet 2010 à décembre 2011 dans la forêt de Mwanihana, située dans le Parc National des Montagnes d’Udzungwa en Tanzanie. Des échantillons d’aliments ainsi que des données comportementales ont été collectés pendant 12 mois d’affilée de décembre 2010 à novembre 2011. Le groupe était suivi de six heures du matin à dix-huit heures le soir pendant 114 jours. Un individu adulte (mâle ou femelle) était suivi pendant 30 minutes et tout changement d’activité était noté en continu. Après 30 minutes, un nouvel adulte était choisi, en suivant une liste nominative aléatoire préalablement créée. Un total de 733 heures de données comportementales fut ainsi collecté. Durant la prise alimentaire, chaque bouchée était comptée, et l’identité et la maturité de l’espèce végétale étaient notées. Les teneurs en protéines furent mesurées avec la procédure de Kjeldahl. Les teneurs en fibres furent mesurées à l'aide de détergents neutres et détergents acides (NDF et ADF) avec la procédure de digestion Van Soest. Les teneurs en lipides bruts des aliments furent mesurées en utilisant la percolation répétée Soxhlet. Les teneurs en phénols totaux et tannins condensés furent mesurées par spectrophotométrie. Les analyses pour quantifier les teneurs en nutriments furent réalisées au laboratoire de sciences nutritionnelles de l’Université de Sokoine, en Tanzanie durant la période d’étude, sur des échantillons propres à la consommation du singe suivi (échantillons séchés à 50 degrés Celsius). Un indice de préférence, calculé sur la base de L = (% utilisation aliment dans la prise alimentaire ̶ abondance relative aliment dans l’environnement), permit de reconnaitre 12 aliments dis « préférés », dont l’indice positif indique une sur-utilisation comparée à l’abondance de l’aliment dans l’environnement, et six aliments « non-préférés », dont l’indice négatif indique une sous-utilisation comparée à l’abondance. Les six aliments « non-préférés » furent ensuite corrélés avec l’abondance d’aliments « préférés » pour identifier les aliments de rabat (fallback foods). Les mangabeys de Sanje ont montré des variations significatives en taux d’ingestion d’items par jour (Kruskall Wallis = 62,51, df = 11, p = 0,0002), allant de 69,71 g/poids sec d’item/minute en mars 2011 (SD = 29,62, n = 10) à un taux maximal de 249,52 g/poids sec d’item (SD = 86,48, n = 9) en septembre 2011. Etonnamment, les aliments « préférés » avaient une plus haute teneur en fibre ADF (Wilcoxon Z = 2,06 p = 0,039) et une plus basse teneur en énergie en poids sec, que les aliments « non-préférés » (Z = 2,28, p = 0,028). Aucune autre différence significative ne fut trouvée entre les teneurs de phénols totaux, tannins condensés, lipides, protéines, fibres NDF, ou total des sucres solubles. Les résultats révèlent que, durant les périodes de pénurie de fruits, en utilisant les nourritures « non-préférées », les mangabeys de Sanje ont une haute capacité à ingérer des métabolites secondaires et à augmenter leur prise totale calorique. La teneur en tannins condensés s’est avérée dans certains cas, plus haute dans les aliments « préférés » (fruits Ficus : 7,11 % tannins condensés/poids sec) que dans les aliments « non-préférés », ce qui pose un problème de généralisation concernant la qualité dite hautement nutritive des aliments dits « préférés ».Je souhaite remercier mon comité de thèse, Dr Carolyn Ehardt, Dr Thad Bartlett et Dr Joanna Lambert pour leur soutien et leur aide dans l’analyse des données et l’écriture de ma thèse, ainsi que le Park National d’Udzungwa et le Tanzanian Wildlife Research Institute pour leur soutien logistique pendant l’étude. Cette étude fut financée par une Doctoral Dissertation Improvement Grant #6936112 de la National Science Foundation.

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