Stratégies de manipulation d’outils lors de la tâche du labyrinthe chez les gorilles et les orangs-outans

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20 janvier 2016

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Ameline Bardo et al., « Stratégies de manipulation d’outils lors de la tâche du labyrinthe chez les gorilles et les orangs-outans », Revue de primatologie, ID : 10.4000/primatologie.2433


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La manipulation et les mouvements intra-manuels ont largement été décrits dans la littérature chez les humains. Les primates non-humains présentent également de grandes capacités de manipulation (fruits, proies, substrats, outils, congénères…) qui diffèrent selon les espèces. Cependant, les études dynamiques chez ces derniers sont rares et portent essentiellement sur les chimpanzés (Pan troglodytes). Il apparait nécessaire d’explorer les capacités manuelles chez différentes espèces de primates non-humains afin de mieux comprendre les spécificités de chaque espèce et l’évolution des capacités de manipulation d’objets ainsi que de discuter sous un nouvel angle l'émergence des éventuelles spécificités humaines. L’objectif de cette étude était de comparer les capacités de manipulations chez deux espèces de grands singes, les gorilles (Gorilla gorilla gorilla) et les orangs-outans (Pongo abelii), lors d’une même tâche de manipulation et d’utilisation d’outils. Cette tâche a été testée afin de mettre en évidence leurs capacités à saisir, à manipuler à l’intérieur de la main (identification de mouvements intra-manuels) et à utiliser des outils dans le but de récupérer une noix placée dans un labyrinthe en bois et ceci à travers un grillage. Six sessions par individu, une session correspondant à 1 noix récupérée, ont été menées chez les gorilles (N = 5) comme chez les orangs-outangs (N = 7). Différents paramètres ont été quantifiés comme le type de saisie (par ex. uni-manuelle, bouche) ou de postures manuelles (par ex. puissance, précision). Afin de décrire les stratégies intra et interspécifiques adoptées, des analyses à composantes principales (ACPs) ont été réalisées en intégrant différents paramètres tels que le nombre de mouvements de la main, le nombre d'obstacles touchés, de mouvements intra-manuels utilisés, de postures manuelles différentes et le temps total passé à récupérer la noix. Une ACP a été réalisée sur l’ensemble des sessions ainsi qu’une ACP sur la session considérée comme la plus performante pour chaque individu, c’est-à-dire celle au cours de laquelle l’individu a effectué le moins de mouvements de la main. Les résultats montrent des différences inter et intra-spécifiques. Les stratégies de manipulation chez les orangs-outans étaient néanmoins plus variées que chez les gorilles. Par exemple, pour saisir l’outil, les orangs-outans ont utilisé leurs mains, leur bouche ou encore leurs pieds tandis que les gorilles ont employé systématiquement une main. Les différences de stratégies observées entre les deux espèces et la forte variabilité chez les orangs-outans pourraient s’expliquer par leur différent mode de vie. En effet, les orangs-outans qui sont arboricoles sont connus pour manipuler dans les arbres ce qui n’a pas été observé chez les gorilles qui semblent manipuler davantage au sol. Les deux espèces pourraient donc avoir développé des stratégies qui leur sont propres en rapport avec leur écologie. Il serait intéressant de comparer la morphologie des mains de ces deux espèces afin de mettre en évidence un potentiel lien entre forme et fonction, les orangs-outangs étant, parmi les grands singes, ceux qui ont proportionnellement à leur main le pouce le plus court. L'ensemble des résultats montre la nécessité de quantifier la manipulation d'objets chez différentes espèces, avec de nouvelles tâches et méthodes, pour mieux comprendre les réelles capacités manuelles spécifiques à chaque espèce en fonction de leur écologie.Merci au zoo d’Amnéville, La Vallée des Singes, le zoo de La Palmyre ainsi que la Ménagerie à Paris pour leur accueil et leur aide lors de nos expérimentations. Nous tenons aussi à remercier la SFDP, les ATM Formes et Collections Vivantes du MNHN pour leur aide financière.

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