Utilisation des sécrétions de myriapodes chez les lémurs et les sapajous : fonction curative ou signalisation sociale ?

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11 octobre 2011

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Bruno Simmen et al., « Utilisation des sécrétions de myriapodes chez les lémurs et les sapajous : fonction curative ou signalisation sociale ? », Revue de primatologie, ID : 10.4000/primatologie.644


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L’utilisation des myriapodes en friction sur le pelage et d’autres zones corporelles est documentée chez les primates en conditions naturelles, notamment à partir des observations récurrentes menées chez le genre Cebus. La typologie de ces comportements suggère différentes hypothèses, fonctionnelles (zoopharmacognosie, alimentaire, sociale) ou non (sensorielle, auto-stimulation). Nous présentons des observations qualitatives comparées de l’utilisation non alimentaire de myriapodes diplopodes chez une forme hybride du genre Eulemur au Sud de Madagascar (occurrences en janvier 2005) et chez le sapajou Cebus apella en Guyane Française (occurrences en mars-avril 1996). L’application des sécrétions à benzoquinones sur une large partie du pelage chez Cebus contraste avec la friction exclusive de la zone périgénitale faisant suite au flairage du diplopode chez Eulemur qui manifeste en outre une réponse stéréotypée analogue au flehmen. Dans notre étude, l’imprégnation de fluides à forte intensité olfactive potentialiserait la signalisation de l’identité individuelle chez Eulemur alors que le "fur-rubbing" chez Cebus est compatible avec l’hypothèse commune d’une forme d’appropriation des défenses antiparasitaires de ces invertébrés. La sécrétion de ces défenses chimiques n’est pas automatiquement déclenchée par la manipulation des diplopodes. Le stress induit par les morsures légères (Eulemur et Cebus) et l’arrachage des pattes sur plusieurs segments (Cebus) augmente la probabilité de sécrétion, ce qui témoignerait d’un apprentissage d’autant plus efficace des conditions d’émission de ces fluides que l’usage est spécifique et très opportuniste.

Body-rubbing with millipedes is repeatedly documented in primates living under natural conditions, mainly in capuchin monkeys (Cebus spp.). Various functional (zoopharmacognosy, ingestion, social) and non-functional hypotheses (sensory, auto stimulation) have been proposed to explain this behaviour based on the distinctive typology and context in which it occurs. We present here qualitative observations of non-feeding use of millipedes in a comparative perspective in two primate species. Opportunistic data were collected in a prosimian species (a hybrid form of Eulemur sp.) in a gallery forest South of Madagascar (occurrences in January 2005) and in capuchin monkeys (Cebus apella) in a tropical rainforest in French Guyana (occurrences in March-April 1996). Whereas capuchin monkeys anoint large parts of their fur with millipede secretions, lemurs only rub the circum-genital area, usually after smelling the millipedes, which appears to trigger a stereotyped response analogous to flehmen. Handling the millipedes in itself does not automatically result in millipedes secreting benzoquinones so that when lemurs and capuchin monkeys bite the arthropods (eventually blowing the legs off), they increase the probability of repulsive liquid being oozed. Associative learning of the handling conditions required to trigger millipedes’ secretions appears very efficient given the rare and opportunistic use of these arthropods by both primate species. We suggest that millipede use in our study is either a marginal form of social communication by which the individual odour is reinforced by anointment with strong smelling odours (Eulemur in which olfaction and scent marking are of paramount importance to social relationships) or, in agreement with self-protection hypotheses, a behaviour that contribute to eliminate or protect from external parasites (Cebus).

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