13 octobre 2011
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Fabien Génin et al., « Le mythe du microcèbe primitif », Revue de primatologie, ID : 10.4000/primatologie.699
Les microcèbes (genre Microcebus, famille Cheirogaleidés) sont de très petits lémuriens nocturnes endémiques de Madagascar, souvent vus comme les plus archaïques de tous les primates. Dans cette contribution, nous critiquons cette vue, véritable mythe des origines, qui n’est supportée ni par le registre fossile ni par les phylogénies les plus récentes. Nous proposons l’alternative d’une réduction de taille corporelle ou nanisme, un phénomène particulièrement fréquent sur les îles et dans les régions géographiquement isolées et soumises à des sécheresses imprévisibles provoquées par le phénomène El Niño. Nous confirmons le modèle de progénèse de Gould, qui explique le nanisme par des conditions hypervariables entrainant une accélération de l’histoire de vie. Les Cheirogaleidés apparaissent comme des nains paedomorphes comparés à leur groupe frère les Lépilémuridés (Lepilemur). Ils ont probablement subi au moins 3 évènements indépendants de nanisme, qui ont conduit à des changements parallèles des proportions de la tête et des membres (allométrie). Le premier (nanisme) a conduit à une diminution de la taille du corps et des membres, sans changement significatif de la forme du crâne (à l’exception des dents) chez les plus grandes formes de Cheirogaleidés (Phaner, Mirza, et les grandes formes du genre Cheirogaleus). Le second (hyper-nanisme) a conduit à des changements parallèles de la forme du crâne chez les plus petites formes (Allocebus, Microcebus et les petites formes du genre Cheirogaleus), associés à des traits paedomorphiques typiques (grands yeux et petit museau pointu). Cette nouvelle hypothèse explique de nombreuses caractéristiques uniques de ce groupe de lémuriens, en particulier leurs histoires de vie rapides.