Le mythe du microcèbe primitif

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13 octobre 2011

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Les microcèbes (genre Microcebus, famille Cheirogaleidés) sont de très petits lémuriens nocturnes endémiques de Madagascar, souvent vus comme les plus archaïques de tous les primates. Dans cette contribution, nous critiquons cette vue, véritable mythe des origines, qui n’est supportée ni par le registre fossile ni par les phylogénies les plus récentes. Nous proposons l’alternative d’une réduction de taille corporelle ou nanisme, un phénomène particulièrement fréquent sur les îles et dans les régions géographiquement isolées et soumises à des sécheresses imprévisibles provoquées par le phénomène El Niño. Nous confirmons le modèle de progénèse de Gould, qui explique le nanisme par des conditions hypervariables entrainant une accélération de l’histoire de vie. Les Cheirogaleidés apparaissent comme des nains paedomorphes comparés à leur groupe frère les Lépilémuridés (Lepilemur). Ils ont probablement subi au moins 3 évènements indépendants de nanisme, qui ont conduit à des changements parallèles des proportions de la tête et des membres (allométrie). Le premier (nanisme) a conduit à une diminution de la taille du corps et des membres, sans changement significatif de la forme du crâne (à l’exception des dents) chez les plus grandes formes de Cheirogaleidés (Phaner, Mirza, et les grandes formes du genre Cheirogaleus). Le second (hyper-nanisme) a conduit à des changements parallèles de la forme du crâne chez les plus petites formes (Allocebus, Microcebus et les petites formes du genre Cheirogaleus), associés à des traits paedomorphiques typiques (grands yeux et petit museau pointu). Cette nouvelle hypothèse explique de nombreuses caractéristiques uniques de ce groupe de lémuriens, en particulier leurs histoires de vie rapides.

Mouse lemurs (genus Microcebus, family Cheirogaleidae) are small, nocturnal lemurs endemic to Madagascar, often viewed as the most archaic primates. In this contribution, we criticise this almost mythical view, which is neither supported by the fossil record nor by the most recent phylogenies. We propose the alternative hypothesis of a reduction of body size, or dwarfism, a phenomenon known to occur frequently on islands, and in isolated regions subject to El Niño-related unpredictable droughts. We confirm Gould’s model of progenesis, which explains dwarfism by hypervariability leading to acceleration of life history. Cheirogaleids appear as paedomorphic dwarfs compared to their sister-taxon, the Lepilemuridae (Lepilemur). They probably experienced at least 3 independent events of dwarfing which lead to parallel changes in the proportions of the head and limbs (allometry). The first one (dwarfing) has led to a decrease in the size of body and limbs, without any significant change in cranial form (with the exception of teeth) in the largest forms Phaner, Mirza, and the largest forms of the genus Cheirogaleus). The second (hyper-dwarfing) has led to parallel changes in cranial form in the smallest taxa (Allocebus, Microcebus and the smaller forms of the genus Cheirogaleus), associated with typical paedomorphic traits (large eyes and small, pointed snout). This new interpretation explains many unique characteristics of this group of lemurs, in particular their rapid life histories.

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